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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


astres qui sont au-dessus d’elle ; elle nous cache, en effet, les planètes et plusieurs étoiles, lorsqu’elle est placée en ligne droite entre notre vue et ces astres, et elle ne peut être cachée par aucun d’eux. Le Soleil peut être caché par la Lune, et lui-même peut cacher tous les autres astres, la Lune exceptée, d’abord en s’approchant et en les noyant dans sa lumière, et ensuite en se plaçant directement entre eux et nous. Mercure et Vénus cachent les astres qui sont au-dessus d’eux, quand ils sont pareillement placés en ligne droite entre eux et nous ; ils paraissent même s’éclipser mutuellement, suivant que l’une des deux planètes est plus élevée que l’autre, à raison des grandeurs, de l’obliquité et de la position de leurs cercles. Le fait n’est pas d’une observation facile, parce que les deux planètes tournent autour du Soleil et que Mercure, en particulier, qui n’est qu’un petit astre, voisin du Soleil et vivement illuminé par lui, est rarement apparent. Mars éclipse quelquefois les deux planètes qui lui sont supérieures, et Jupiter peut éclipser Saturne. Chaque planète éclipse d’ailleurs les étoiles au-dessous desquelles elle passe dans sa course. »

La théorie proposée par Héraclide du Pont pour figurer les mouvements de Venus et de Mercure parait avoir trouvé faveur auprès de divers auteurs latins. Vitruve en parle comme il le ferait d’un système généralement adopté : « L’étoile de Vénus et celle de Mercure, dit-il [1], faisant leur révolution autour du Soleil qui leur sert de centre, reviennent sur leur pas et retardent dans certains cas. »

De Macrobe, on sait peu de choses, si ce n’est qu’il était en 429 grand maître de la garde robe (præfectus cubiculi) de Théo dosele-Jeune. Son commentaire au Songe de Scipion de Cicéron renferme de nombreux renseignements sur les hypothèses astronomiques des anciens ; en particulier, l’hypothèse d’Héraclide de Pont y est très complètement exposée. Après avoir rappelé quelles particularités présentent les mouvements de Vénus et de Mercure, après avoir justifié par là le titre de compagnons du Soleil que Cicéron leur attribue, Macrobe poursuit en ces termes [2] : « La raison de ces effets n’a point échappé à la perspicacité des Égyptiens [3] ; la voici : Le cercle [l’épicycle] que parcourt le Soleil est enveloppé par le cercle de Mercure, à l’intérieur duquel il se trouve ; à son tour, le cercle de Vénus, plus étendu, entoure celui

1. M. ViTRüvii Pollionis De Architectura libri X ; lib. IX, cap. I.

2. Ambrosii Theodosii Macrobii Commenta riorum in Somnium Scipionis lib. I, cap. XIX.

3. Macrobe entend sans doute par là les astronomes d’Alexandrie.

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