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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


marque des sources auxquelles il a puisé et dont beaucoup n’étaient pas connues de ses prédécesseurs immédiats.

Si Denys l’Aréopagite et son commentateur Maximus sont les principaux inspirateurs théologiques de Scot Érigène, celui-ci ne dédaigne pas les autres Pères de l’Église ; en particulier, il tient grand compte de ce qu’ils ont dit sur le Ciel et les éléments. Il cite très fréquemment les Homélies sur l’Hexaemeron de Saint Basile ; il cite également les écrits de Saint Grégoire de Nysse, qu’il croit être le même que Saint Grégoire de Nazianze [1].

Comme le vénérable Bède, Jean Scot connaît et cite l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien [2] ; mais il connaît et cite également [3] la Géographie de Ptolémée que ses prédécesseurs semblent avoir ignorée. Aux renseignements extraits de Pline et de Ptolémée, il joint ceux que lui fournit Martianus Capella [4]. Ce dernier auteur, nouvellement révélé, sans doute, aux Chrétiens d’Occident, semble avoir particulièrement intéressé Scot Érigène, qui en a commenté certains écrits ; ce commentaire a été partiellement publié par B. Hauréau [5].

La Géographie de Ptolémée, le Satyricon de Martianus Capella ne sont pas les seuls écrits anciens dont la mention apparaisse, pour la première fois, dans le Ilepl Æôtrewç 7cspwp.t)u.

Les Catégories d’Aristote sont souvent invoquées [6] en l’ouvrage du Philosophe de Charles le Chauve* Celui, cependant, n’a peut-être pas une connaissance directe du traité composé par le Stagirite ; peut-être ne le connaît-il que par l’intermédiaire du Commentaire faussement attribué à Saint Augustin, commentaire qu’il cite explicitement [7].

Enfin, Scot invoque d’une manière très fréquente les doctrines du Timée de Platon ; mais ce célèbre dialogue, il ne le lit, nous en aurons la preuve, que par l’intermédiaire de la traduction et du commentaire dont Chalcidius est l’auteur.

Le Philosophe de Charles le Chauve connaît donc plusieurs écrits grecs ou latins dont Isidore de Séville ni Bède n’avàient le

1. Joannis Scoti De divisions natures liber tertius, 38 [Joannis Scoti Opéra accurante Migne (Patrologiœ latinœ t. GXXII) col* 735]*

2. Jean Sgot, Op. laud.> lib. III, 33 et 37 ; éd. cit*, col. 71g et col. 735.

3. Jean Scot, Op. laud., lib. III, 33 ; éd. cit., col. 7 !$.

4. Jean Scot, Op. laud., lib. III, 33 ; éd. dit., col. 7I9.

5. B. Hàuréau, Commentaire de Jean Scot Érigène sur Martianus Capella (Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque Nationale et d’autres bibliothèques, t. XX, a* partie, p. 1, i865).

6. Joannis Scoti De divisions natures liber primas, 22, a3, 24* [Joannis Scoti Opéra accurante Mig-ne [Patrologiœ latinœ t. CXXIl) coll. 46&-47O]-

7. Jean Scot, Op. laud., 5o ; éd. cit., col. 498,

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