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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


nous laissent aucun doute ; cette Theorica planetarum est identique aux Canons que nous avons analysés dans la présente note.

Au texte que nous avons eu en mains, l’auteur ne disait rien qui nous fît connaître son nom, ni la date de son ouvrage, ni le lieu qui l’avait vu composer. Si les textes consultés par lui eussent contenu quelqu’un de ces renseignements, M. Haskins n’eût certes pas manqué de nous le dire, comme il nous l’a dit avec tant d’exactitude pour les autres ouvragés de Roger de Hereford. L’attribution de la Theorica planetarum à cet auteur a donc été, dans les divers manuscrits où nous rencontrons cet ouvrage, faite après coup, par une main étrangère, sans que nous puissions discerner ce qui la justifiait ; cette attribution, d’ailleurs, n’était pas constante ; dans un des recueils consultés par M. Haskins, la Theorica planetarum est mise au compte de Robert de Northampton.

Or la Theorica planetarum ne peut pas être de Roger de Hereford.

Nous avons vu que l’auteur y citait les Tables de Londres ; cette mention a été également relevée par M. Haskins dans les textes qu’il a examinés.

De quelles Tables de Londres s’agit-il ? On pourrait peut-être penser qu’il s’agit des Tables kharismiennes ou des tables d’Al Battani, réduites au méridien de Londres par Robert de Rétines ; cette supposition serait, en elle-même, peu vraisemblable ; ij. est clair que l’auteur des Canons vise uniquement les tables obtenues par réduction des Tables de Tolède.

Mais il y a plus ; des Tables de Londres auxquelles il fait allusion, l’auteur des Canons nous dit qu’elles sont les seules où « le commencement d’un jour se place à midi de ce jour même, et à la fin à midi du jour suivant. » Il est clair, dès lors, que les tables visées sont ces Tables de Londres dont le préambule a retenu notre attention[1] ; ce préambule, en effet, s’achevait précisément par cette phrase[2] :.

« Secundum tabulas quoque istas annus incipit in Martio et quelibet dies incipit a medio sui et finitur et terminatur in medio quidem sequentis[3]. Secundum magistrum P. etc. »

La Theorica planetarum est donc postérieure aux Tables de Londres.

Ces tables, nous avons été conduits à les dater de l’année 1232[4].

  1. Voir : Seconde partie, Ch. V, § I ; pp. 231-238.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7272, fol. 67, col. d. — Vide supra, p. 237.
  3. Le texte, au lieu de : Sequentis, répète : sui.
  4. Vide supra, p. 237.