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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


rum, quidam secundum annos ab incarnatione domini, quidam secundum annos iezdagzith sive persanim. »

Non seulement les diverses tables astronomiques usent d’ères différentes, mais encore elles ne font pas toutes commencer l’année au même moment et ne suivent pas toutes la même règle pour l’insertion du jour bissextile. À cette complication, s’en joint une autre ; les Arabes ne se servent pas de l’année solaire, mais de l’année lunaire.

« À cause de ces divergences, il te faut donc, mon cher Jean, toi qui désires te mettre à la discipline des tables astronomiques, connaître tout d’abord la table qui a pour titre : Trouver les jours de l’année. Par cette table, en effet, tu sauras, d’années données dans un système quelconque, extraire les années comptées dans n’importe quel autre système. — Propter ego hat diversitates, oportet te, cave Johannes, qui disciplinant tabularum astronomie desideras, scire inprimis tabulant cujus lytulus est inventio dierum in annis ; per banc enim scies quoslibet annos et ex quibuslibet extrahere ».

C’est donc pour l’instruction d’un disciple du nom de Jean qu’est écrit l’ouvrage dont nous traitons.

Celui qui l’a écrit est un érudit qui connaît les diverses tables astronomiques et, en particulier, les Tables de Londres, connues également par l’auteur du Speculum Astronomie ; il dit, en effet[1] :

« Sache que, selon toutes les tables que j’ai vues, le commencement d’un jour quelconque est toujours posé à midi du jour précédent, et la fin ou l’achèvement à midi du jour considéré ; il n’y a d’exception que pour les Tables faites pour Londres ; selon ces tables, le commencement d’un jour se place à midi de ce jour même et la fin à midi du jour suivant. »

Parmi toutes ces tables, c’est aux Tables de Tolède que se rapporteront les règles qui vont être exposées : « Si tu veux calculer en années arabes[2], pour lesquelles Arzachel a composé les Tables de Tolède, prends le nombre des années arabes achevées avant l’heure que tu considères, et cherches-en le nombre dans la table… »

Si ce passage ne suffisait pas à nous indiquer que nous avons affaire à des canons composés pour les Tables de Tolède, nous en aurions l’assurance par ce qui suit[3] :

« Le nombre que tu trouveras à la fin du calcul te dira quel est

  1. Ms. cit., fol. 136, vo.
  2. Ms. cit., fol. 136, vo.
  3. Ms. cit., fol. 137, ro.