rencontré jeune homme aussi habile aux études. Il a fait de si
grands progrès que largement, et à plus juste titre que quiconque
à Paris, il pourrait gagner le nécessaire, bien que ce soit un jeune
homme de vingt ans ou vingt et un ans tout au plus. À Paris, en
effet, il n’est personne qui connaisse aussi exactement les racines
de la Philosophie, bien que son jeune âge ne lui ait pas encore
permis d’en produire les branches, les fleurs et les fruits, et aussi
parce qu’il n’a pas encore l’expérience de renseignement. Mais
s’il vit jusqu’à la vieillesse et s’il procède selon les fondements dont
il est pourvu, il a de quoi surpasser tous les Latins. »
Cette précoce science de Jean, Bacon ne cesse de la vanter au pape.
S’agit-il de difficultés linguistiques[1] ? « Bien que ces exemples soient théologiques, le jeune Jean les comprend mieux que tous les théologiens qui sont, en ce monde, lecteurs ou docteurs. »
S’agit-il de réaliser et d’expliquer des expériences d’Optique[2], de manifester les propriétés du foyer d’une lentille sphérique ? « Le jeune Jean, afin de faire cette expérience, a emporté un cristal sphérique ; je lui ai donné mes instructions pour fournir, de cet effet caché, démonstration et figure. Il n’y a personne en Italie et, à Paris, il n’y a pas deux hommes qui en puissent donner une raison suffisante. »
S’agit-il d’Astronomie[3] ? Bacon envoie au pape deux tables, l’une relative au calendrier des Juifs, l’autre au calendrier des Chrétiens. « J’ai donné à ce jeune homme des instructions suffisantes pour qu’il les comprit l’une et l’autre ; et il n’y a pas trois hommes au monde qui les connaissent toutes deux à la fois ».
À cet adolescent si bien doué, Bacon n’aurait-il pas souhaité d’enseigner l’usage des calculs astronomiques ? N’aurait-il pas composé des canons propres à lui apprendre le maniement des Tables de Tolède ? Ces canons, écrits par Roger Bacon à l’intention de son disciple Jean, ne seraient-ils pas l’ouvrage anonyme dont nous allons dire quelques mots ? C’est là, disons-le tout de suite, une hypothèse extrêmement hasardée. Elle nous a paru, toutefois, présenter quelque vraisemblance.
L’écrit dont nous voulons parler commence en ces termes[4].
« Diversi astronomi secundum diversos annos tabulas et computationes faciunt, ut quidam secundum annos Alexandri sive greco-