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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


peu après l’année 1281. S’il lut les Questions sur le second livre des Sentences discutées et résolues par Richard de Middleton, Roger Bacon y put voir le système de Ptolémée accepté sans conteste ; il y était présenté à l’aide de cette ymaginatio modernorum où l’Opus tertium ne reconnaissait qu’un artifice incapable de satisfaire ceux qui sont experts aux choses de l’Astronomie.

Résumons ce que Middleton enseignait au sujet du système du Monde.

Tout d’abord, comme Michel Scot, comme Guillaume d’Auvergne, comme Campanus de Novare, comme une foule de docteurs de la Scolastique, notre auteur attribue le rang suprême, qui est le dixième, à un ciel immobile qu’il nomme l’Empyrée[1]. Ce ciel ne contient aucune étoile[2] ; la lumière y est uniformément répartie. « Au-delà du ciel empyrée[3], il n’y a absolument aucune créature, il n’y a ni plein ni vide », selon ce qu’Aristote enseignait de l’au-delà de la sphère suprême.

Immédiatement au-dessous du ciel empyrée se trouve le ciel cristallin. Ce ciel cristallin n’est pas de nature aqueuse[4], comme beaucoup de docteurs l’ont soutenu ; ainsi que tous les autres orbes, il est formé par la cinquième essence qu’admet la Physique péripatéticienne.

Bien que dépourvu d’étoile, le ciel cristallin se meut[5], et son mouvement est mis en évidence par la raison que voici : « Il est impossible que, par son mouvement propre, une même sphère soit mue en deux sens différents ; mais, par son mouvement propre, la sphère des étoiles fixes se meut, de l’Occident vers l’Orient, d’un degré en cent ans ; et, toutefois, nous voyons qu’elle est mue de l’Orient vers l’Occident par le mouvement diurne ; il faut donc que ce dernier mouvement soit produit, dans la sphère des étoiles fixes, par le mouvement d’une autre sphère qui l’entoure et l’entraîne dans sa rotation ; comme, d’ailleurs, au-dessus de la sphère des étoiles fixes, il n’y a que deux cieux, le ciel empyrée et le ciel cristallin, il faut bien accorder que la sphère

  1. Ricardi de Mediavilla Quœstiones in libros Sententiarum ; lib. II, distinct. II, art. III, quæst. I ; éd. cit., t. II, pp. 43-44.
  2. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. II, artic. III, quæst. II ; éd. cit., t. II, p. 44.
  3. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. XIV, art. III, quæst. VI ; éd. cit., t. II, p. 192.
  4. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. XIV, art. I, quæst. I ; éd. cit., t. II, pp. 167-168.
  5. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. XIV, art. I, quæst. II ; éd. cit., t. II, pp. 168-169.