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L’INITIATION DES BARBARES


nent-ils. Mieux encore ; peut-être n’ont-elles plus besoin d’être soutenues par ces corps, puisqu’elles ne sont plus fluides, mais solidifiées et transformées en cristal…

» Certains prétendent qu’elles ont été mises en réserve en vue de l’inondation du déluge ; d’autres affirment à plus juste titre qu’elles ont été suspendues pour tempérer le feu des astres… Pour quel usage, donc, ces eaux ont-elles été suspendues ? Il est, je pense, très difficile de discourir à ce sujet, car les Saints n’ont point donné d’avis certain qui le définisse. Voici, cependant, l’opinion qui nous parait la plus vraisemblable : Ces eaux sont destinées surtout à tempérer le feu supérieur, de crainte que cette ardeur d’en haut n’attire à elle les nuages ou les eaux d’en bas. Ainsi les chirurgiens, lorsqu’ils veulent faire une saignée à l’aide de ventouses, mettent le feu à l’étoupe que contient la ventouse, afin que la chaleur du feu attire le liquide sanguin. »

Cette longue discussion, que nous avons fort abrégée, touchant les eaux supra-célestes, nous fait espérer de rencontrer, dans le commentaire de l’œuvre du quatrième jour [1], une étude détaillée sur le mouvement des luminaires et des étoiles. Nous serons déçus.

« On dit que les planètes sont portées en sens contraire du firmament. Sont-elles animées, comme il a semblé aux philosophes ? Certains esprits président-ils à ces corps et leur communiquent-ils le mouvement en question ? Est-ce simplement par la volonté et l’ordre de Dieu que, d’une manière immuable, les planètes suivent ce cours ? Ce n’est pas une petite question. »

Abailard ne trouve rien, dans sa foi, qui s’oppose à l’opinion des philosophes.

« Si donc, conformément à ce qu’il a semblé aux philosophes, à ce que les Saints ne prétendent assurément pas repousser, certains esprits président à ces corps sidéraux et ont puissance de les mouvoir et agiter, il est facile de résoudre la question qui a été proposée au sujet du mouvement des planètes. Si c’est d’ailleurs qu’elles tiennent un mouvement ordonné et immuable, il suffit de l’attribuer à la volonté divine. »

De celui qui, à son fils, avait donné le nom d’Astralabe, nous eussions attendu une curiosité plus vivé des mouvements célestes.

Les Quatuor libri Sententiarum de Pierre Lombard ne vont pas davantage à nous instruire des choses de l’Astronomie ; s’ils en parlent sommairement, c’est, comme la Summa Sententiarum, à

1. Pétri Ab.çlardi Op. laad^ O ? qunrta die ; éd. cit., coll. 752-753.

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