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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS

» En second lieu, puisque plusieurs sphères reçoivent, par le moyen de plusieurs mouvements, la bonté première qui convient au corps mobile, il devra nécessairement exister une sphère unique qui reçoive cette bonté par un seul mouvement ; cela, Aristote semble l’avoir pensé, lui aussi.

» Puis, il y a un mouvement naturellement propre qui s’effectue selon la sphère droite et un mobile propre à ce mouvement ; de même en est-il selon la sphère oblique ; il y a donc un mouvement propre scion la sphère droite aussi bien que selon la sphère oblique » — C’est-à-dire qu’il y a un mouvement de rotation autour des pôles du Monde et un mouvement de rotation autour des pôles de l’écliptique — « Mais le second membre de cette alternative est impossible [si l’on n’admet pas un neuvième cielj ; alors, en effet, le mouvement des planètes se fait suivant la sphère oblique tandis que le mouvement du firmament se fait, à la fois, suivant la sphère droite et suivant la sphère oblique. Il faudra donc qu’il y ait une sphère, entièrement distincte de toutes celles-là, qui se meuve seulement suivant la sphère droite.

» De même, enfin, que les moteurs se peuvent nécessairement ramener à un certain moteur unique et simple, de même les mouvements et les mobiles se doivent ramener à un certain premier mobile mû uniformément qui, selon le cours de la génération des choses, est la cause de l’unité, de l’ordre et de la permanence dans la voie suivie par la nature. »

Pour affirmer que la sphère des étoiles fixes se meut d’un double mouvement, notre Somme s’autorise non seulement de Ptolémée, mais encore d’Aristote ; il s’agit évidemment du traité que cette Somme désigne ailleurs[1] en ces termes : « Le livre De proprietatibus elementorum qui est attribué à Aristote. »

Parmi les raisons citées, il en est qui sont plus ou moins nettement indiquées par Al Bitrogi ; d’autres ont été puisées par notre auteur à d’autres sources ; certains arguments rappellent ceux de Michel Scot.

Qu’est-ce que notre auteur sait du mouvement propre des étoiles fixes ?

« La huitième sphère, dit-il[2], se meut de deux mouvements. Tout d’abord, un mouvement essentiel » — il aurait dû dire : accidentel — « se fait sur les pôles de l’équateur et suivant des cercles équidistants qui se nomment parallèles ; ce mouvement-là, c’est le mouvement diurne d’Orient en Occident. En

  1. Lincolniensis Summa, Cap. CCXII ; éd. Baur, p. 543.
  2. Lincolniensis Summa Cap. CCXVI ; éd. Baur, pp. 550-551.