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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


10°, du même point équinoxial vers le point solsticial qui le précède ; en sorte que l’amplitude totale de cette oscillation soit de 20°.

» Mais on ne voit pas d’où Thesbith a pu tenir cette hypothèse. Jamais, en effet, on n’a constaté de renversement dans le sens de ce mouvement. Il a consisté en une continuelle précession par laquelle les étoiles se sont avancées de 18°, tandis que l’apogée du Soleil s’est déplacé de 25° 19′

» D’ailleurs, s’il en était comme le prétend Thesbith, si la tête du Bélier mobile tournait en cercle autour de la tête du Bélier fixe, les diverses étoiles ne garderaient pas une distance invariable à la trajectoire du Soleil ; elles éprouveraient des variations non seulement en leurs distances à l’Equateur, mais encore en leurs distances au Zodiaque, selon ce qu’exigerait la révolution des points équinoxiaux mobiles sur ces petits cercles ; il ne parait pas possible d’assurer par les observations qu’il en soit ainsi ».

L’objection que Frère Bernard adresse ici à Thâbit ben Kourrah n’est pas fondée sur une exacte connaissance du système proposé par l’Astronome Sabian ; selon celui-ci, en effet, la trajectoire du Soleil, l’écliptique mobile, prend part au mouvement de trépidation des étoiles, en sorte que les étoiles gardent une position invariable par rapport à ce grand cercle ; ce qui varie incessamment, et d’une manière différente pour les diverses étoile . c’est la distance de chacune d’elles à l’écliptique fixe.

En revanche, le refus d’attribuer aux étoiles le mouvement oscillatoire que leur confère le De motu octavæ sphæræ, alors que l’observation n’y a décelé qu’une précession toujours de même sens, fait grand honneur au sens expérimental de notre Mineur.

Si toutefois l’observation venait à reconnaître que les étoiles sont animées d’un tel mouvement oscillatoire, Bernard de Verdun n’en chercherait pas l’explication dans la voie suivie par Thâbit ben Kourrah ; il s’efforcerait de le représenter par un procédé imité de l’Almageste.

« Cependant, si les étoiles éprouvaient des mouvements variés, comme Thesbith prétend l’avoir observé, cela pourrait provenir de ce qu’elles seraient contenues dans des orbes excentriques à celui qui produit le mouvement précédemment décrit ; ces orbes leur communiqueraient des mouvements qui ne seraient point des rotations uniformes par rapport au centre du Monde, bien qu’ils fussent des rotations uniformes autour des centres propres de ces orbes ».

Frère Bernard de Verdun termine son traité par ces paroles :