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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


tion qu’il convient d’attribuer au Tractatus super totam Astrolologiam. Cet écrit clôt par un jugement formel le procès qui, sans jamais aboutir à une décision, s’est plaidé au cours des divers ouvrages de Roger Bacon et, notamment, de l’Opus tertium. Rendu par un autre que par Bacon, ce jugement n’est pas en faveur de la partie pour laquelle le grand Franciscain semblait prévenu ; les sphères homocentriques d’Alpétragius sont, au nom de l’observation, condamnées sans appel ; muni de cette « imagination que les modernes » ont empruntée aux Hypothèses des planètes ou au Résumé d’Astronomie d’Ibn al Haitam, le système de Ptolémée est déclaré indemne des accusations portées par Averroès.

Ce qui donne à ce jugement une importance hors de pair, c’est qu’il semble avoir été reçu sans opposition, aussitôt que prononcé, par l’Ordre franciscain et par l’Université de Paris, où cet ordre exerçait, au voisinage de l’an 1300, une puissante influence.

Frère Bernard entreprend [1] de décrire le système d’Al Bitrogi ; sa description veut être très concise malgré la complication de la théorie qu’il s’agit d’exposer ; elle devient forcément très obscure ; les lignes suivantes en donnent une interprétation bien plutôt qu’une traduction :

Alpétragius « suppose que chacun des astres errants se meut d’un mouvement propre autour de pôles distincts des pôles du premier mobile ; ces pôles sont voisins de ceux du Zodiaque [2] ; Alpétragius suppose, en outre, que ces pôles se meuvent sur la circonférence d’un petit cercle décrit autour des pôles du Zodiaque, ou à peu près.

» Le long de l’une des moitiés de ce petit cercle, le pôle se meut en sens contraire de l’ordre des signes du Zodiaque ; supposons qu’à l’arc ainsi décrit contrairement à la succession des signes, corresponde une partie du Zodiaque plus grande que la partit ? décrite par l’orbe de la planète en sa révolution autour [de ses pôles voisins] des pôles du Zodiaque ; la planète semblera rétrograder ; elle paraîtra stationnaire si ces deux parties sont égales ; si la seconde partie du Zodiaque est plus grande que la première, la planète aura un mouvement direct, mais lent ; le mouvement de l’astre sera direct et rapide tandis que le pôle se mouvra sur son petit cercle dans le sens même où se succèdent les signes du Zodiaque ;pour chaque planète, chacune de ces apparences se pré-

  1. Bernardi de Virduno Op. laud., cap. cit.
  2. Le texte, souvent fautif d’ailleurs, dit : Super polos zodyaci.