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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS

tive à l’obliquité du Zodiaque et aux cercles dont la sphère matérielle est composée ; la seconde, à la recherche de toutes les déclinaisons, et la troisième aux ascensions.

Le troisième traité comprend trois distinctions ; les deux premières traitent du premier ciel et de son mouvement, de la longueur de l’année et des computations différentes du temps.

La troisième distinction a pour titre : Explication des causes des irrégularités qui se manifestent dans le mouvement du Soleil. Mais l’auteur excède aussitôt le programme restreint que ce titre lui trace ; il aborde, en son entière généralité, la discussion des principes sur lesquels doit reposer la théorie des planètes ; la querelle pendante entre le système de Ptolémée et le système des sphères homocentriques va être débattue plus amplement qu’elle ne l’a jamais été.

Très logiquement, Bernard de Verdun commence par énumérer[1] les faits dûment constatés par l’observation et dont toute théorie devra tenir et rendre compte. Ces faits sont les suivants :

1o Chaque planète, au cours de sa révolution, change constamment de vitesse ;

2o Le diamètre apparent de la Lune est de grandeur variable ;

3o En des circonstances diverses, la Lune se trouve éclipsée plus ou moins complètement, bien qu’en toutes ces circonstances, cet astre se trouve au même point de l’écliptique ;

4o Les planètes supérieures, et surtout Mars, paraissent plus grandes lorsqu’elles sont opposées au Soleil que lorsqu’elles sont en conjonction avec lui ; ce ne peut être, d’ailleurs, un effet qui s’explique par la distance plus ou moins grande de ces planètes au Soleil, car, en ce cas, les étoiles fixes présenteraient le même effet ;

5o Mercure, et surtout Vénus, ont un plus grand diamètre apparent lorsque ces planètes quittent le Soleil pour commencer à se mouvoir dans le sens des signes du Zodiaque que lorsqu’elles le quittent pour commencer à se mouvoir en sens inverse de l’ordre des signes.

Ces faits d’expérience posés, Frère Bernard décrit[2] les deux systèmes par lesquels on a tenté de les expliquer ; il montre que le

  1. Bernardi de Virduno Op. laud., tract. III, dist. III, cap. II.
  2. Bernardi de Virduno Op. laud., tract. III, dist. III, cap. III (marqué cap. IV dans le ms. 7333 lat. de la Bibliothèque Nationale) : In quo ponitur duplex modus salvandi apparentia prædicta, et excluditur primas, et Ideo infertur secundum esse necessarium.