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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


divin, je commence et je tâcherai de terminer selon mes forces cet opuscule, qui tient la place d’ouvrages innombrables et d’énormes volumes ».

Le Tractatus super totam Astrologiam de Bernard de Verdun est formé par une suite de dix traités ; plusieurs de ces traités sont, à leur tour, partagés en segments qui sont nommés tantôt divisions, tantôt distinctions ; vient enfin un nouveau départ en nombreux chapitres.

La première division du premier traité expose les notions qu’on trouve, au Moyen Âge, au début de la plupart des écrits cosmographiques : L’existence des quatre éléments, l’incorruptibilité de la matière céleste, le mouvement du ciel, sa figure sphérique. Un chapitre[1] est consacré à la figure sphérique de la terre et de l’eau ; les considérations par lesquelles cette figure est prouvée ressemblent fort à celles qu’on lit dans l’ouvrage célèbre de Joannes de Sacro-Bosco ; Bernard de Verdun n’ignorait assurément pas cet ouvrage. Il ajoute que la terre et l’eau devraient, selon la nature, être terminées par deux surfaces sphériques concentriques ; c’est afin que les êtres animés puissent vivre que la terre ferme se trouve plus loin du centre du Monde. Cette explication finaliste de l’existence des continents et des îles était, nous le verrons, une des doctrines favorites de Campanus de Novare, qui la reprend en presque tous ses écrits ; il semble bien que Bernard de Verdun s’inspire ici des théories du Chapelain d’Urbain IV ; ce renseignement, joint à ceux que nous avons empruntés à É. Littré, nous assurerait que Bernard de Verdun a écrit, au plus tôt, durant le dernier quart du xiiie siècle et, au plus tard, pendant les premières années du xive siècle.

Notre auteur admet[2], cela va sans dire, que la Terre est immobile au centre du Monde ; la seule preuve qu’il en donne est celle qu’Aristote regarde comme tirée de la raison même de ce repos : Les graves n’ont d’autre mouvement naturel que le mouvement rectiligne dirigé vers le centre du Monde.

La seconde division du premier traité expose les notions indispensables sur les arcs, les cordes, les sinus droits et verses ; l’auteur y donne le procédé qui permet de construire les tables dos cordes et des sinus.

Le second traité est divisé en trois parties ; la première est rela-

  1. Fratris Bernardi de Virduno Tractatus super totam Astrologiam, tract. I, divisio I, cap. VI.
  2. Bernardi de Virduno Op. laud., tract. I, divisio I, cap. XI.