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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


ment reproduite au traité De cælestibus que contiennent les Communia naturalium ; elle forme les chapitres II à XVI de la cinquième partie de ce traité.

Cette dissertation de Bacon sur les systèmes astronomiques mérite de nous arrêter longuement ; elle est l’étude la plus approfondie qui ait été faite sur le dilemne qui a partagé l’Astronomie ancienne, sur le duel qui a mis aux prises le système des sphères homocentriques avec le système des excentriques et des épicvcles.

Cette discussion sur les théories des mouvements célestes débute par un court préambule[1] où Bacon, s’adressant au pape Clément IV, lui dit : « Je consigne ici ce qui est ignoré, chez les Latins, non seulement par le vulgaire, mais encore par ceux qui sont à leur tête dans la Science ; ce n’est, cependant, qu’une sorte d’exposé des opinions professées par ceux qui sont particulièrement autorisés auprès des astronomes et par les philosophes de la Nature ; elle a la forme d’une discussion efficace ; à cette discussion, tous les savants astronomes latins n’avaient rien ajouté jusqu’ici ; ils y en a trois qui avaient fidèlement réuni ces opinions. »

Quels sont ces trois astronomes dont l’exposé des théories astronomiques était jugé fidèle par Roger Bacon ? 11 nous en laisse malheureusement ignorer les noms.

C’est par le résumé des théories astronomiques de Ptolémée que commence[2] l’étude de Bacon ; ce résumé, précis et clair, est suivi d’une indication très succincte[3] de la théorie de l’accès et du recès attribué à Thâbit ben Kourrah.

En face de ce tableau du système des excentriques et des épicycles, se trouve dépeint le système d’Alpétragius ; ce résumé de la Théorie des planètes composée par l’auteur arabe, est, en l’Opus tertium, une des innovations qui méritent de retenir l’attention. Les démonstrations géométriques, quelque peu compliquées, au moyen desquelles cette théorie se développe, avaient sans doute, jusqu’alors, effrayé la plupart des lecteurs ; ils s’étaient donc bornés à parcourir le préambule d’Al Bitrogi, et ils en avaient tiré, du système de cet auteur, une idée simplifiée jusqu’à l’erreur. Roger Bacon a soigneusement étudié la Theorica planetarum et il en

  1. Un fragment inédit…, p. 98-99.
  2. Un fragment inédit…, pp. 99-107. — Liber secundus communium naturalium, éd. Steele, pp. 418-423.
  3. Un fragment inédit…, pp. 107-108. — Liber secundus communium naturalium, éd. Steele, pp. 423-424.