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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


qui règne entre les dires des divers philosophes, dit qu’il existe peut-être quelque mouvement céleste qui, jusqu’ici, leur est demeuré caché à tous.

» Il reste donc à résoudre les diverses objections, au moyen des principes posés par Averroès et par Alpétragius ; je renvoie le lecteur du présent écrit aux avis de ces auteurs et, particulièrement, au livre d’Alpétragius ; la brièveté qui convient ici ne me permet pas d’expliquer l’avis d’Alpétragius ; il y faudrait un trop copieux discours ; le faire, ce serait insérer ici le livre entier de cet auteur, ce qui ne convient pas.

» Mais il est une chose qu’il faut avoir soin de bien connaître ; sans doute, les mathématiciens purs, d’une part, et, d’autre part, les mathématiciens qui savent la Physique, emploient des procédés différents en vue de sauver ce qui apparaît dans les corps célestes ; toutefois, bien que par des voies diverses, ils tendent tous à un même but, qui est de connaître les positions des planètes et des étoiles par rapport au Zodiaque ; ainsi, bien qu’ils soient en désaccord au sujet du chemin qu’il faut suivre, ils se proposent cependant, par ce chemin, de parvenir à la même fin et au même terme. »

Le premier chapitre du fragment que nous étudions nous a fait connaître l’opinion des physiciens mathématiciens, c’est-à-dire d’Averroès et d’Alpétragius ; l’opinion des mathématiciens purs, c’est-à-dire de Ptolémée et de ses disciples, fait l’objèt du chapitre suivant, qui est le XVIIIe de cette partie des Communia naturalium.

Nous n’analyserons pas ici l’exposé succinct du système de Ptolémée que Bacon nous donne, et nous nous bornerons à reproduire le passage suivant :[1]

Les mathématiciens purs « n’ont cure de la contradiction qui existe entre le mouvement qu’ils supposent et la Nature. Ils n’ont pas l’intention de prétendre que les principes de la Physique soient faux ; mais comme ils ne savent faire concorder avec ces principes les apparences qui se manifestent au ciel, ils laissent de côté les vérités de la Physique ; non pas en vue de soutenir le contraire, mais simplement parce qu’ils ne comprennent pas comment ils pourraient sauvegarder l’ordre et les principes de la Physique et, en même temps, les phénomènes qui apparaissent dans les corps célestes.

» Comme, d’ailleurs, on a fabriqué des instruments, construit

  1. Ms. cit., fol. 130, col. d, et fol. 131, col. a. — Éd. Steele, p. 446.