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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Au début du premier chapitre de cette cinquième partie, l’auteur nous annonce[1] qu’il va traiter « de la grandeur, de la hauteur et de l’épaisseur des corps célestes (de magnitudine et altitudine et spissitudine cælestium). Naturellement, il consacre son premier chapitre à exposer, d’après Al Fergani, ce qu’on sait de la grandeur de la Terre. Or ce premier chapitre commence par un extrait, textuellement reproduit, de l’Opus majus, et continue par une paraphrase, un peu plus détaillée que l’original, de ce même traité.

Bacon nous annonçait, au début de ce premier chapitre, qu’il se proposait d’étudier la grandeur, la hauteur et l’épaisseur des corps célestes ; visiblement, son intention était d’exposer la théorie qu’il a donnée dans l’Opus majus d’après le traité d’Al Fergani. Mais cette théorie repose sur l’emploi du système des excentriques et des épicycles tel qu’il est développé dans l’Almageste. Il est donc naturel qu’avant d’aborder la mesure des dimensions des diverses sphères célestes, Bacon présente les principes de la doctrine de Ptolémée et examine la valeur des raisons qu’on peut invoquer pour ou contre ces principes. C’est, en effet, l’objet des chapitres II à XVI de la cinquième partie du De cælestibus.

Ces quinze chapitres exposent le débat pendant entre le système de Ptolémée et le système d’Al Bitrogi sous la forme la plus complète, la plus détaillée, la mieux renseignée qu’aucun docteur scolastique lui ait jamais donnée. Or cette discussion, que nous résumerons au prochain paragraphe, est textuellement extraite de l’Opus tertium.

La cinquième partie de la dissertion De cæleslibus, qui forme le livre II des Communia naturalium, nous a donc présenté, en premier lieu, un chapitre où la mesure de la Terre était traitée d’après l’Opus majus, puis quinze chapitres, textuellement tirés de l’Opus tertium, où le système de Ptolémée était exposé et discuté ; si Bacon était fidèle au plan qu’il a tracé en commençant cette dissertation, il devrait aborder maintenant la détermination des grandeurs des orbes célestes.

À la place où nous nous attendions à rencontrer cette détermination, nous trouvons trois chapitres qui terminent le texte manuscrit conservé à la Bibliothèque Mazarine. Ces trois chapitres font, double emploi avec les quinze chapitres qui les précèdent, et cela de la manière la plus-flagrante. Ils contiennent, en effet, une exposition du système de Ptolémée, une comparaison de ce sys-

  1. Bibliothèque Mazarine, ms. 3.570, fol. 120, coll. a et b. — Éd. Steele, p. 414.