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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


laissée par l’influence de l’Évêque de Lincoln. En fait, bon nombre des théories que Bacon développe avec le plus de complaisance, la théorie des marées, par exemple, ou la théorie de multiplicatione specierum., se trouvent en germe dans les Opuscules de Grosse-Teste [1].

La réforme du calendrier avait vivement préoccupé Robert Grosse-Teste ; il avait, nous l’avons dit, composé un traité du calendrier, De compoto. De compoto est également le titre d’un ouvrage de Roger Bacon, le plus ancien que nous connaissions.

Malheureusement, ce traité, conservé en manuscrit à la Royal Library du British Museum est, jusqu’ici, demeuré inédit ; seuls, le préambule et la table des chapitres ont, été reproduits par Emile Charles dans sa thèse sur Roger Bacon [2]. En outre, Émile Charles a cité [3] une phrase extraite du corps de l’ouvrage ; cette phrase est la suivante : « De notre temps, c’est-à-dire quatre cent quatre-vingts ans après la découverte de Thébith et l’an de Fincarnation 1263, nous adhérons à cette opinion ».

Cette phrase est précieuse ; d’abord, elle nous fait connaître l’année, 1263, où Bacon écrivit son traité De compoto ; puis elle nous apprend qu’à l’exemple de Robert Grosse-Teste, Bacon connaissait et adoptait la théorie de la précession des équinoxes proposée par Thàbit ben Kourrah.

La réforme du calendrier ne cessera d’être l’objet de l’une des des plus vives préoccupations de Bacon. En son Opus majus [4], qui fut composé à Paris, au plus tard en 1267 [5], et que nous allons analyser, il presse vivement le pape Clément iV^Taccomplir cette urgente transformation ; il réitérera ses instances dans l’Opus tertium [6] qu’il date lui-même de l’année 1267 [7].

1. Voir à ce sujet : Ludwig Baur, Der Einfluss der Robert Grosseteste auf die Wissenschaftliche Richtung des Roger Bacon (Roger Bacon, Essays contributed by Varions Writers on the Occasion of the Commemoration of the Seventh Centenary of his Birth. Collected and Edited by A. G. Little. Oxford, at the,Clarendon Press, 1914, pp. 34-54).

2. Émile Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, ses doctrines, d’après des textes inédits ; thèse de Paris. Bordeaux, 1861, pp. 336-337.

3. Émile Charles, Op. laud., p. 78.

4. Fratris Rogeri Bacon, Ordinis Minorum, Opus majus ad Clementem quartum, Pontificem Romanum, ex MS. Codice Dubiniensi, cum aliis quibusdam collato, nunc primum edidit S. Jebb., M. D., Londini. typis Gulielmi Bowyer, MDCCXXXIII. — The Opus majus of Roger Bacon edited with introduction and Analytical Table by John Henry Bridges, London, Edimburgh and Oxford, 1900.

5. Rogeri Bacon Opus majus, éd. Jebb., præfatio ; éd. Jebb., p. 177, en note ; éd. Bridges, p. 281. — Émile Charles, {{lang|la|Op. laud.}, p. 79.

6. Fr. Rogeri Bacon Opera quœdam hactenus inedita. Vol. I contained : I. Opus tertium. II. Opus minus. III. Compendium philosophiœ. Edited by J. S. Brewer. London, 1869.

7. Rogeri Bacon Opus tertium, cap. LXX ; éd. Brewer, p. 289 et p. 290.

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