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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

fait sur les pôles du Monde, et l’autre sur les pôles du cercle zodiacal ou de l’orbe des signes ; il faut donc que chacun de ces deux mouvements existe en quelque orbe supérieur ; ainsi, avant l’orbe des étoiles fixes, il faut,, d’une manière nécessaire, qu’il en existe deux autres ; au premier de ces deux orbes, les astronomes rapportent le mouvement diurne ; au second, le mouvement oblique. »

Cette première raison est une adaptation de l’hypothèse qu’Albert le Grand avait empruntée à Masciallah et au pseudo-Nicolas.

« Voici la seconde raison : Selon ce que dit le Philosophe au livre Des animaux, la nature ne va jamais d’un extrême à l’autre sans passer par les intermédiaires ; en sorte que la nature ne saute point de ce qui a un seul mouvement à ce qui en a trois, si ce n’est en passant par ce qui a deux mouvements. Partant, au-dessus de la sphère des étoiles fixes qui a trois mouvements, il en faut placer deux, dont la première, celle qui lui est immédiatement contiguë, ait deux mouvements, et dont la dernière n’ait plus qu’un mouvement. »

L’enseignement que Bernard vient de donner se trouve complété en deux autres endroits, et cela suivant deux sens différents.

Le quatrième problème formulé à propos de la première leçon est celui du mouvement des cieux. Il est, pour Bernard, l’occasion de reprendre des considérations qu’Aristote avait inspirées, que Michel Scot et Albert le Grand avaient développées en les modifiant différemment selon la diversité de leurs théories astronomiques particulières. Ces considérations, Bernard les transforme à son tour, afin d’y introduire, en même temps, les dix cieux mobiles admis par Albert le Grand, et l’Empyrée immobile auquel croyait Michel Scot.

« Voici, écrit-il[1], ce qu’il faut dire à propos du quatrième sujet :

» Selon ce qu’enseigne le Philosophe au second livre Du Ciel et du Monde, parmi les choses, celles qui forment le Monde inférieur ne peuvent atteindre la parfaite bonté ; elles peuvent seulement, à l’aide de mouvements peu nombreux, atteindre une bonté imparfaite. Les choses, au contraire, qui se trouvent au-dessus de celles-là atteignent à la parfaite bonté, mais par des mouvements multiples. Puis, plus haut encore, viennent les choses qui acquiè-

  1. Ms. cit., fol. 72, coll. b, c et d.