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L’ASTRONOMIE DES DOMINICAINS


tronomie dans le Liber de summo Bono. Il est clair qu’en aucun cas, Ulrich n’a puisé aux sources mêmes ses connaissances astronomiques ; tous les renseignements dont il a eu besoin, il les a empruntés à l’encyclopédie qu’Albert avait composée ; cette vaste exposition des sciences profanes l’a dispensé de recourir aux ouvrages qui, les premiers, avaient traité de ces sciences. Dans l’ordre de Saint Dominique comme au dehors de cet ordre, nombre de philosophes et de théologiens suivaient très certainement l’exemple du frère prêcheur strasbourgeois.


V
UN AUTRE DISCIPLE D’ALBERT LE GRAND : BERNARD DE TRILLE

L’influence de l’enseignement astronomique d’Albert le Grand s’est manifestée pour nous, de la manière la plus nette, dans plusieurs passages du Liber de summo Bono composé par Ulrich fils d’Engelbert. Celui-ci n’était pas seul, parmi les Dominicains, à subir cette influence. Nous allons rencontrer maintenant, en la personne de Bernard de Trille, un disciple, presque toujours fidèle, de l’évêque de Ratisbonne, en attendant que Thierry de Freiberg nous présente un adversaire des hypothèses astronomiques proposées parce maître.

Sous ce titre : Joannis Parisiensis Opera, la Bibliothèque de la ville de Laon possède un manuscrit[1] peu fait pour tenter les bibliophiles ; écrit en deux colonnes, sur parchemin grossier, d’une écriture irrégulière et difficile à déchiffrer, il a grandement souffert des injures de l’humidité ; cependant, l’un des anciens possesseurs de ee manuscrit y attacha sans doute quelque prix, car il eût soin de noter en quelles circonstances il l’avait acquis ; à la fin du texte[2], il ajouta cette mention : Liber iste est Michaelis Casse Cancellarii Noviomensis quem emit Avinione ab Episcopo Bethlemitarum Fratre Jo. Vera de anicio.

Le livre que frère Jean Véra,du Puy-en-Velay (Anicium), évêque de Bethléem, avait, en Avignon, vendu à Michel Casse, chancelier de Noyon, est, encore aujourd’hui, précieux pour nous ; il contient, en effet, le texte d’un traité d’astronomie dont nous n’avons trouvé, ailleurs, aucune mention.

  1. Bibliothèque municipale de Laon, ms. no 171.
  2. Ms. cit., au bas du fol. 104, verso (dernier fol. écrit).