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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

» L’existence déterminée par le mélange et la combinaison des qualités premières est causée par les sphères des sept astres errants.

» Dans le mélange, en effet, quatre espèces sont à distinguer.

» En premier lieu, il y a le mélange du sec avec le froid, qui a pour effet de bien tenir la grandeur et la figure ; ce mélange est causé par la sphère de Saturne.

» En second lieu, vient le mélange du froid avec l’humide. Mais ce mélange se fait de deux manières. Ou bien, il est le mélange du sec avec l’humidité élémentaire, avec l’humidité de l’eau ; cette humidité-là est mise en mouvement, elle est induite dans les corps miscibles par la sphère de la Lune ; cela est rendu évident par le fait que la mer flue et reflue suivant le cours de la Lune. Ou bien il est le mélange du sec avec l’humidité complexe qui est la substance de la vie ; cette humeur-là, c’est à la sphère de Vénus qu’il appartient de la mouvoir.

» La troisième espèce qui se rencontre en la mixtion, c’est celle du chaud avec l’humide ; cet humide-là ne peut être que l’humide gazeux (humidum spirituale) dont sont faites les espèces vitales ; quant à ce chaud, ce ne peut être la chaleur parfaite (calidum excellent), car celle-ci ne se rencontre qu’avec le sec ; c’est une chaleur complexe ; cette mixtion-là a pour moteur la sphère de Jupiter.

» En quatrième lieu, nous trouvons le mélange du chaud avec le sec. Cette chaleur est de deux sortes. Ou bien c’est une chaleur qui émeut la matière en totalité, c’est la chaleur furieuse et brûlante qui a pour moteur la sphère de Mars. Ou bien c’est la chaleur par laquelle la matière, déjà mise en mouvement, est digérée et mûrie ; cette chaleur, c’est la sphère du Soleil qui la meut.

» Puisque ces six astres errants mettent eu mouvement les principes de la mixtion, il faut qu’un septième astre ait force pour appliquer ces principes les uns aux autres et les mélanger entre eux. Cette septième planète, c’est Mercure.

» Ainsi donc il n’y a que dix cieux et dix moteurs célestes. »

À ce que nous venons de citer, ajoutons un passage[1] où Ulrich rappelle incidemment « que les étoiles se meuvent du pôle méridional vers le pôle de l’Aquilon d’un degré en cent ans », et nous aurons rapporté, croyons-nous, tout ce qu’on peut trouver d’As-

  1. Ulrici de Argentina Op. laud., lib. IV, tract. II, cap. XIX : De loco, quia est et quid est, et qualiter differencie loci que sunt sursum et deorsum, dextrum et sinistrum, ante et retro, sunt in celo et in mundo, et qualiter scilicet primum celum sit et moveatur in loco, et de ubi, et de vacuo, et de situ. Ms. cit., fol. 268, col. c.