voulu détailler les révolutions du Ciel, on n’a plus trouvé suffisante
assistance dans les axiomes universellement admis de la
Physique ; à ces axiomes, on s’est vu forcé d’adjoindre des propositions
plus conjecturales ; reçues par un astronome, certaines
de ces propositions étaient rejetées par un autre, en sorte qu’il en
est issu des systèmes astronomiques divers ; encore, ces différents
systèmes astronomiques, tels que le système d’Aristote ou le système
d’Al Bitrogi, sont-ils loin de donner une représentation suffisante
des mouvements célestes.
Cette exacte représentation des aspects du ciel aux diverses époques a été le seul souci des astronomes qui ont suivi la seconde méthode ; pour parvenir plus sûrement au but qu’ils s’étaient assigné, ils se sont donné pleine et entière liberté dans le choix des hypothèses ; leur objet a été atteint, car ils ont dressé des tables astronomiques suffisamment exactes ; mais il leur a fallu acheter cet heureux résultat au prix de la simplicité et de la vraisemblance de leurs suppositions.
L’une comme l’autre des deux méthodes astronomiques est donc hors d’état de satisfaire les désirs légitimes d’un esprit juste ; l’une part de principes qui jouissent du consentement universel, mais elle demeure impuissante à les conduire jusqu’aux conséquences observables ; l’autre classe et résume avec clarté ces conséquences, mais elle fait appel à des principes dénués de toute vraisemblance ; l’astronome sera plus sensible aux défauts de la première méthode et le métaphysicien plus sévère aux vices de la seconde ; l’un et l’autre, s’ils sont clairvoyants, trouveront, en chacune des deux doctrines astrologiques, des motifs de douter. Il semble bien que ce sentiment ait été celui de Saint Thomas d’Aquin.
Nous avons déjà soupçonné Robert Grosse-Teste d’avoir été tenu en suspens par une semblable hésitation. Cette hésitation, nous la retrouverons bientôt dans l’esprit d’un disciple de Robert Grosse-Teste, d’un contemporain de Saint Thomas d’Aquin, du franciscain Roger Bacon.