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L’INITIATION DES BARBARES

cet écrit est, en général, attribué dans les éditions antérieures à la Bibliotheca velerum Patrum, qui l’a donné sous le nom d’Honoré d’Autun. Dans cette édition même, le De imagine mundi est précédé d’une lettre par laquelle un certain Christianus sollicite les enseignements d’Honoré le Solitaire, et d’une autre lettre par laquelle Honoré dédie son traité à ce Christianus.

Une seule raison est invoquée pour attribuer ce petit écrit cosmographique à Honoré d’Autun. Cet auteur a compilé et complété une série de courtes notices biographiques et bibliographiques sur les écrivains chrétiens ; cet ouvrage, il l’a intitulé : De luminaribus Ecclesiæ sive de Scriptoribus ecclesiasticis libelli IV. Or, le dernier chapitre du quatrième livre est consacré[1] à « Honoré, prêtre et scolastique de l’Église d’Autun »[2] ; les écrits d’Honoré y sont énumérés ; parmi ceux-ci, on trouve un traité nommé : Imago mundi de dispositione orbis.

Cet argument serait de grande importance si le dernier chapitre du De luminaribus Ecclesiæ était l’œuvre d’Honoré ; mais la plupart de ceux qui se sont occupés du Scolastique d’Autun s’accordent[3] à considérer ce chapitre comme une addition faite au De luminaribus Ecclesiæ après la mort de l’auteur ; dans une semblable addition, une confusion a fort bien pu se produire ; un écrit d’Honorius Inclusus ou Solitarius a fort bien pu être attribué à Honoré, prêtre et scolastique de l’Église d’Autun.

La confiance en l’authenticité de ce dernier chapitre du De luminaribus Ecclesiæ, partant l’attribution à Honoré d’Autun de tous les ouvrages qui y sont énumérés, est, au contraire, l’une des hypothèses fondamentales qui portent tout le système récemment développé, au sujet d’Honorius Augustodunensis, par M. J. A. Endres[4].

Le second postulat invoqué pour l’édification de ce système, c’est qu’Honorius était Allemand. Plusieurs historiens allemands l’ayant affirmé, sans en apporter d’ailleurs la moindre preuve, il ne vient pas à l’esprit de M. Endres que ce point puisse être révoqué en doute[5].

  1. Honorii Augustodunensis à Opera omnia accurante Migne (Patrologiœ latinæ tomus CLXXII), coll. 232-234.
  2. « Honorius, presbyter et scholasticus ecclesiæ Augustodunensis. » Autun est la seule ville qui se soit, au cours de l’Histoire, appelée Augustodunum.
  3. C’est, notamment, l’opinion adoptée par J. von Kelle [Untersuchungen über nicht nachweisbaren Honorius Augustodunensis ecclesiæ presbiter et scholasticus und die ihm zugeschriebenen Werke (Wiener Sitzungsberichte, Bd. CLII, Abt. II, pp. 20 seqq., 1905)].
  4. Dr. Jos. Ant. Endres, Honorius Augustodunensis. Beitrag zur Geschichte des geistigen Lebens in 12 Jahrhundert. Kempten et Munich, 1906 ; p. 9 et p. 72.
  5. Endres, Op. laud., p. 1.