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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


dans l’École franciscaine, le chapelain d’Urbain IV ne prend aucune part à ces discussions.

Au sujet de la précession des équinoxes, il indique en quelques mots [1] le système de Ptolémée et le système de Thâhit ben Kourrah ; il ne songe nullement à composer ensemble ces deux systèmes, comme l’ont fait les astronomes d’Alphonse de Castille ; deux orbes, le huitième et le neuvième, lui suffisent donc à expliquer le mouvement des étoiles fixes.

Sur l’autorité de l’Écriture et des Pères, il admet [2] que la dernière sphère céleste est un Empyrée immobile, séjour des bons esprits ; toujours selon le témoignage de l’Ecriture, il place un ciel cristallin au-dessous de l’Empyrée ; mais ce ciel cristallin doit-il ou non être regardé comme identique au neuvième ciel ? C’est une question à laquelle Campanus ne donne point de réponse, en sorte qu’il demeure dans l’incertitude au sujet du nombre des orbes célestes, ne sachant si l’on en doit compter dix ou onze.

Constamment, il détermine [3] les épaisseurs des orbites planétaires selon les hypothèses qu’ont admises Al Fergani et Al Battani. Toutefois, il indique [4] une restriction à cette théorie si universellement reçue. « Nous pouvons, dit-il, trouver le rapport des dimensions de l’orbe de Mercure au rayon terrestre, pourvu que nous admettions cette supposition : Le point le plus haut que la Lune puisse atteindre est, en même temps, le point le plus bas auquel Mercure puisse parvenir… En effet, s’il n’en était pas ainsi, il faudrait que les planètes pussent sortir de leurs propres sphères, ou qu’il restât un espace vide entre ces sphères, ou bien enfin que les orbes eussent une épaisseur plus grande que ne l’exige le mouvement des planètes ; les deux premières alternatives sont impossibles, et la troisième parait être une supposition superflue ; toutefois, si l’on désirait l’adopter, les grandeurs calculées ici représenteraient seulement des limites auxquelles les dimensions véritables des orbites ne pourraient être inférieures ».

L’hypothèse que Campanus présente ici comme acceptable, Al Fergani s’était efforcé de l’exclure ; il avait invoqué, dans ce but, l’égalité des dimensions de l’orbite solaire données par sa théorie avec les dimensions que Ptolémée lui attribuait en se fondant sur l’étude des éclipses ; Campanus, qui ne cite pas l’argument de l’astronome arabe, regardait sans doute son calcul comme erroné.

1. Campani Thearica planetarum, cap. I.

2. Campani Op. laud., cap. II.

3. Campani Op. laud., capp. I, II, IV.

4. Campani Op. laud., cap. IV.

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