seulement ce travail est difficile pour ceux qui n’en ont pas l’expérience,
mais il est fastidieux pour ceux même qui sont exercés
et savants. Aussi, beaucoup se laissent-ils détourner de cet ouvrage,
bien qu’ils aient de l’amour pour cette noble science ; soit par la
faible connaissance qu’ils en ont, soit parce que d’autres études
les occupent, iis ne peuvent s’adonner à des complications si grandes
et si variées ; ils mendient alors, auprès des autres astronomes,
la construction de ces équations annuelles qu’on nomme
almanachs ; ils y trouvent la consolation du défaut engendré par
leurs occupations ou par leur ignorance.
» Pour tous ceux qui ont éprouvé l’hésitation causée par les susdites difficultés, soit par suite de l’occupation des affaires, soit par leur peu d’expérience ou par la faiblesse de leur intelligence ; afin qu’ils puissent laisser de côté cette minutieuse variété dénombrés dont nous avons parlé, et toujours trouver cependant les lieux exacts des planètes ; afin qu’ils puissent les contempler d’une manière visible à l’aide d’un instrument sensible, capable d’effectuer un mouvement semblable à la raison céleste, je me suis appliqué à fabriquer un tel instrument matériel qui convînt parfaitement à cette tâche. Si je ne me trompe, celui qui verra cet instrument et qui en connaîtra le mode d’emploi trouvera, dans la beauté de cet objet, de quoi repaître sa vue, et, dans l’utilité qu’il offre, de quoi refaire son intelligence.
» En cet opuscule, je veux expliquer comment cet instrument se doit composer et comment, par son intermédiaire, il convient de trouver les lieux des planètes. Je conterai donc, pour chaque planète, de quelle manière sont disposés les mouvements, les orbes et les sphères de cette planète, en conformité avec ce qu’a enseigné Ptolémée ; je dirai quelle est la grandeur de cette planète, quelles sont sa distance à la Terre, les proportions de ses orbes, les distances de leurs centres ; j’aplanirai l’emploi des tables ; j’apprendrai à composer un instrument qui s’accorde aux lois des mouvements, aux grandeurs des orbes et des centres ; enfin j’enseignerai le moyen de déterminer l’éqüation de la planète (modum adæquandi planetam) à l’aide de cet instrument ».
Campanus vient de nous décrire très exactement le plan de son traité ; il ne nous parait pas utile d’insister davantage à ce sujet.
La Théorie des planètes de Campanus de Novare contient fort peu de passages qui requièrent notre attention. Tandis que les hypothèses sur lesquelles reposent les divers systèmes astronomiques sont ardemment débattues dans l’École dominicaine et