Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée
321
L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

Nous avons vu Campanus offrir à Urbain IV un ouvrage sur la Musique ; l’hommage en plut sans doute au pape, car il pria son chapelain de lui composer une Théorie des planètes ; c’est ce que nous allons apprendre en lisant le Traité de la sphère rédigé par l’astronome de Novare.

Campanus de Novare, en effet,a donné un Tractatus de sphæra [1], construit sur un plan analogue à celui qu’avaient adopté Joannes de Sacro-Bosco et Robert Grosse-Teste.

La Sphère de Campanus était presque aussi souvent citée, au Moyen Âge, que la Sphère de Joannes de Sacro-Bosco ; c’était, comme ce dernier écrit, un petit livre tout élémentaire, composé avec clarté, mais fort peu complet.

L’auteur avait soin, d’ailleurs, de renvoyer parfois son lecteur aux traités plus savants qu’il ayait donnés. Nous apprenons ainsi [2] qu’il avait écrit, à la demande du pape Urbain IV, un livre sur la théorie des planètes : « Quæ plenius perscrutati sumus, dit Campanus, in uno libro quem de modo æquationis planetarum ad instantiam Domini Urbani papæ quarti edidimus, ponendo hæc omnia in numeris certis et examinâtes a nobis ». Cette indication est précieuse ; elle nous apprend que la Theorica planetarum, dont nous aurons à nous occuper tout à l’heure, fut rédigée, au plus tard, en 1265, et que le Tractatus de sphæra fut composé après cette Théorie des planètes. Nous allons voir qu’il avait été précédé également par un autre traité de l’astronome de Novare.

Le Traité de la Sphère de Campanus ne donne [3] que de très brèves indications au sujet de la précession des équinoxes ; il indique sommairement la théorie de Ptolémée, puis lui substitue en quelques mots la théorie de Thâbit ben Kourrah ; s’il insiste si peu sur cet important sujet, Campanus en dit aussitôt [4] la raison ; il l’a longuement exposé dans son Computus major, c’est-à-dire dans son grand traité sur le calendrier : « Hoc autem non tangimus nunc hic, quia nolumus nunc de isto motu accessionis ci recessionis tractare, quoniam de ipso plene tractavimus in Com

1. Le Tractatus de sphæra Campani se trouve dans les collections de traités astronomiques publiées à Venise en i5i8 par Octaviano Scot, en i5i8 par Luca Antonio de Giunta, en i53i par le même éditeur. Ces collections ont été décrites ci dessus, t. II, p. 156, note ï ; t. III, p. 279, note 2, Ces collections renferment, en outre, le Tractatus de sphæra solidadu même auteur ; celui-ci y décrit la construction d’une sphère armillaire propre à l’enseignement de la Cosmographie et à diverses observations astronomiques.

2. Campani Tractatus de sphæra, cap. XIII.

3. Campani Tractatus de sphæra, cap. XI.

4. Campani Tractatus de sphæra, cap. XII.

  1. 1
  2. 2
  3. 3
  4. 4