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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


vité de Guillaume l’Anglais, médecin de Marseille et de Léopold, fils du duché d’Autriche.

La Science se développe avec une étonnante rapidité dans la raison de cet enfant assoiffé de clartés qu’est alors l’Europe chrétienne ; bientôt ses maîtres n’auront plus rien à lui apprendre ; bientôt il en saura tout autant que les Arabes ; la Chrétienté latine aura dès lors licence de suivre les tendances de sa propre raison, de travailler à sa guise au progrès de l’Astronomie.

On peut assigner le moment où l’intelligence de l’Europe occidentale quitte l’école de l’Islam et commence à penser par elle-même ; ce moment correspond à peu près à l’an 1260 ; les écrits astronomiques de Campanus de Novare le signalent à l’attention de l’historien.

XI

CAMPANUS DE NOVARE

Campanus, auquel les éditeurs de ses œuvres ont souvent, on ne sait pour quelle cause, attribué le prénom de Jean [1], est demeuré longtemps célèbre pour avoir composé un commentaire sur les Éléments d’Euclide ; la mauvaise traduction sur laquelle ce commentaire fut fait n’était pas, d’ailleurs, l’œuvre de Campanus, mais celle d’Adélard de Bath ; divers manuscrits l’affirment : Euclidis Elémentorum libri XV ex arabica in latinum ab Adelardo Golho Bathoniensi conversi, cum commentario magistri Cam* parti Novariensis.

De la vie de Campanus de Novare, nous savons peu de choses. En 1267, Bacon le met [2] au rang des bons mathématiciens, sinon des parfaits ; il le signale à ce titre au pape Clément IV. Mais nous savons que Campanus de Novare était déjà connu et apprécié du prédécesseur de Clément IV. Le document important qui nous renseigne à cet égard, est une. lettre adressée par notre mathématicien au pape Urbain IV.

Cette lettre, découverte dans la Bibliothèque Ambrosienne par le bibliothécaire milanais Oltrocchi, fut communiquée par lui à Tiraboschi, qui l’inséra dans son Histoire de la littérature italienne.

1. Daunoü, Notice sur Carnpanus de Novare, mathématicien (Histoire littéraire de la France, t. XXI, 1847, pp. 248-254).

2. Frathis Rogeri Bacon Opus tertiam, Cap. XI ; éd. Brewer, Londres, 1859 ; p. 35.

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