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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


savants en composassent. Ils en ont donc imaginés de nombreux et de variés dont le meilleur, assure-t-on, est l’astrolable de Ptolémée ; par celui-là, on connaît fort aisément plusieurs des mouvements célestes. Toutefois, la composition de cet instrument est difficile et fastidieuse, par suite de la multitude des arcs, des cercles et des lignes droites qui s’y trouvent et qu’il y faut tracer. D’ailleurs, les constructeurs ou compositeurs de cet instrument sont peu nombreux, on n’en trouve pas partout ; en outre, on ne peut en tirer en tous lieux tous les usages, à moins de posséder une multitude de tablettes que nécessite la diversité des latitudes, des lieux et des climats.

» Les Anciens avaient imaginé le quart de cercle [quadrant] ; ils s’en servaient pour prendre les hauteurs du Soleil, déterminer les heures et mesurer les ombres, et n’en faisaient rien d’autre ; toutefois, la composition et l’usage de ce quadrant étaient encore quelque peu fastidieux, et ce qu’il permettait de connaître, on ne le connaissait pas très exactement.

» Dieu, dont le nom soit béni, nous a conduit à la connaissance d’un quadrant dont la composition est assez facile ; à l’aide de cet instrument, on manifeste parfaitement et sans aucune erreur tout ce qui se peut voir par l’astrolabe, bien que par un procédé différent, et quelques autres choses encore ; on y peut tracer autant d’horizons que l’on veut... »

C’est en Hébreu que Profatius rédigea son Traité du quadrant. La date de cette première rédaction ne figure pas dans les textes hébraïques ; les traductions latines ultérieures la donnent d’une manière peu concordante ; les divers manuscrits portent tantôt 1288, tantôt 1290 et tantôt 1293.

De cette première rédaction hébraïque du traité de Jacob ben Makir, une traduction latine fut bientôt donnée ; au sujet de la composition de cette traduction, nous sommes exactement renseignés ; nous savons‘qu’elle fut faite en 1299, à Montpellier, par Armengaud de Biaise, à qui l’auteur dictait, selon l’usage, la version eu langue vulgaire. Voici, en effet, la formule qui, dans un manuscrit d’Oxford, se lit au commencement et à la fin de cette traduction :

« Incipit (ou explicit) tractatus Profacag de Marsilia super quadrantem, quem composuit ad inveriiendum quicquid per astrolabium inveniri potest, translatas ab hebreo in latinum a magistro Hermegaudo Blasin (ou Blasim, lisez : Blasii), secundum vocem ejusdem, apud Montent Pessulanum, anno incarnationis Domini 1299. »