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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


tiens. Il, n’en fut pas toujours de même des traductions ou des ouvrages originaux dus au rabbin qui va nous occuper ; souvent, ces œuvres ont été immédiatement transcrites en Latin, en sorte qu’elles n’ont pas contribué seulement à instruire les communautés juives de Marseille et de Montpellier, mais qu’elles se sont encore répandues parmi les savants chrétiens de ces villes.

« Jacob ben Makir delà famille des Tibbonides, est célèbre comme astronome et comme traducteur d’ouvrages mathématiques. Son nom provençal était Don Prophet Tibbon. Il est connu, chez les écrivains latins du Moyen Âge, sous le nom de Profatius ou Profacius Judæus.

» La date de la naissance de notre Jacob n’est pas déterminée. Il est probable qu’il naquit vers 1236 ou un peu avant cette année, car sa traduction du Traité de la sphère armillaire fut faite, comme son petit-fils l’atteste,… en 1256. Or il est à présumer que Jacob traduisit les Éléments d’Euclide avant cet ouvrage ; dans le petit avant-propos des Éléments d’Euclide, il fait allusion à sa jeunesse… Nous savons d’ailleurs qu’en 1304, Abba Mari s’adresse à notre Jacob en l’appelant « vieillard », expression qui ne peut s’appliquer qu’à un homme qui a au moins soixante ans…

» Quant à la date de la mort de Jacob, elle doit être placée entre 1303 et 1306. Son dernier travail connu fut terminé… en 1303 et, dans la réponse qu’En Douran de Lunel adresse à Don Vidal Salomon, réponse qui n’est pas postérieure au commencement de 1306, Jacob est déjà mentionné comme décédé.

» Jacob, selon toutes les apparences, était né à Marseille ; mais il lit sa principale résidence à Montpellier ; c’est d’après le nom rabbinique de cette ville qui se nomme lui-même ha-Harri (de la montagne). Par « la Montagne » ou « la Montagne de l’ébranlement » (nom d’une montagne d’Ephraïm), les Juifs du Moyen Age désignaient Montpellier. Les manuscrits latins qui contiennent, soit la traduction de son ouvrage sur le quart de cercle, soit celle de son calendrier perpétuel, le nomment Propkalius Massiliensis. Un manuscrit hébreu, contenant la traduction hébraïque de son ouvrage sur le quart de cercle, faite d’après une traduction latine, qui, elle-même, était considérablement remaniée, ainsi que nous le verrons dans la suite, porte l’épigraphe suivant : « Ici finit l’ouvrage sur le quart de cercle, composé par R. S. le savant, surnommé dans la langue des Chrétiens Profasio le juif, de Mar-

1. Ernest Renan, Op. laud., Jacob Bcd Makir ou Profatius Judæus, astronome, pp. 699-623.