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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


étaient souvent mis en Latin. Nous en verrons bientôt des exemples.

De ces familles juives, venues d’Espagne et établies en pays de Langue d’Oc, qui ont transposé en Hébreu les textes de la sagesse Arabe, la plus connue est celle des Ibn Tibbon.

Le chef de cette famille est Samuel, fils de Jehouda ben Tibbon, surnommé le Prince des traducteurs.

« Samuel appelle *, une fois, Lunel « l’endroit de ma naissance », et ailleurs il l’appelle « l’endroit de mon séjour ». Il résida également à Arles, à Marseille, à Tolède, à Barcelone et même à Alexandrie, ainsi qu’il résulte des souscriptions qu’on lit à la fin de quelques-unes de ses traductions. On ne connaît pas l’année de sa naissance. Sa mort doit être portée à l’année 1232. »

En 1210, Samuel achevait la traduction en Hébreu de la Météorologie d’Aristote ; en 1213, il terminait une Explication des termes philosophiques du Guide ; avant de rédiger ce commentaire du Guide des égarés de Maimonide, il avait traduit cette œuvre même du célèbre rabbin ; il mit également en Hébreu plusieurs autres traités que le même auteur avait écrit en Arabe ; il y était d’autant mieux préparé qu’il avait connu Maimonide et lui avait écrit plusieurs lettres qui nous ont été conservées.

Jacob, fils d’Abba Mari, fils de Simson, fils d’Anatolio, est, à la fois, gendre et neveu de Samuel ben Tibbon 3. Ce Jacob d’Anatoli ou cet Antoli (c’est ainsi que les manuscrits le désignent) fut le premier traducteur proprement dit de commentaires d’Averroès. Il mit en Hébreu les commentaires sur l’Isagoge de Porphyre, sur les Catégories, le livre de l’Interprétation, les Premiers et les Seconds analytiques d’Aristote. Cette traduction fut finie à Naples en 1232. « Jacob dit dans le post-scriptum qu’avant de continuer son travail sur les autres ouvrages du même genre, il veut relire les parties qu’il a déjà exécutées et y faire diverses corrections ; après quoi, il se mettra à l’œuvre, « pour accomplir, ajoute-t-il, le » désir de l’empereur Frédéric, l’amateur de la Science, qui me » soutient. Que Dieu lui accorde sa grâce, qu’il l’élève au dessus » de tous les rois, et que le Messie arrive sous son règne ! »

Jacob d’Antoli se trouvait donc au nombre des savants que l’empereur Frédéric II traitait à Naples. Frédéric ne dédaignait pas de communiquer à Jacob ses opinions sur certaines prescriptions de la Bible, comme le rabbin nous le conte en un de ses ouvrages.

1. Ernest Renan, Op. laud., p. 573.

2. Ernest Renan, Op. laud., pp. 58o-589).