Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée
295
L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


mière sphère, et par un certain moteur qui est une intelligence déléguée à cet effet ; cette intelligence se nomme l’Âme du Monde.

» Le second mouvement meut d’Occident en Orient, sur les pôles du Zodiaque, les huit [dernières] sphères célestes ; il les meut de rotations diverses. Ce mouvement est certainement double, bien que le texte le suppose seulement simple. L’un est le mouvement qu’ont les huit sphères d’Occident en Orient ; l’autre est le mouvement des astres eux-mêmes à l’intérieur de leurs sphères respectives.

» Le premier de ces mouvements d’Occident en Orient est un mouvement uniforme d’un degré en cent ans ; toutes les sphères, en effet, par une intelligence unique, , sont mues de la sorte, du moins selon l’opinion de Ptolémée ; il en est autrement selon l’hypothèse de Thébit, comme on le verra plus loin.

» Le second est le mouvement d’Occident en Orient des astres eux-mêmes à l’intérieur de leurs propres sphères ; ce mouvementlà ne convient pas aux étoiles fixes, car elles n’ont pas d’autre mouvement que le mouvement de leur sphère ; il convient seule ment aux sept planètes ; par un tel mouvement, chaque planète se meut à l’encontre du mouvement de sa sphère, comme une mouche sur une roue se peut mouvoir en sens contraire du mouvement de la roue. De la sorte, chaque planète a son moteur particulier qui est une certaine intelligence. C’est de cette manière que Saturne accomplit sa révolution en trente ans, Jupiter en douze ans, et ainsi des autres. »

« Remarquez donc, poursuit Robert [1], que le ciel a deux sortes de moteurs, des moteurs conjoints et un moteur séparé. Le moteur séparé, c’est la Cause première ; un moteur conjoint, c’est une certaine intelligence déléguée au mouvement du ciel. Ces intelligences sont de deux sortes. Il y en aune qui meut toutes les sphères d’Orient en Occident ; c’est l’Âme du Monde. Il y a aussi des moteurs qui meuvent du mouvement en sens contraire ; ces moteurslà sont multiples, et leur nombre est le même que celui des mouvements d’Occident en Orient. Ainsi chaque planète a son propre moteur.

»… Le ciel se meut continuellement afin de se rendre semblable au Créateur ; il se meut continuellement afin de pouvoir acquérir ce vers quoi il tend ; et comme il ne pourra jamais l’acquérir pleinement, il ne cessera jamais de se mouvoir. »

1. Ro. Anglicus, loc. cit. : Ad evidentiam lectionis ; ms. cit., fol. 9, coll. b et c.

  1. 1