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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


Il nous est connu par deux ouvrages dont le premier est un commentaire à la Sphæra de Joannes de Sacro-Bosco.

Ce commentaire est ainsi intitulé [1] : « Tractatus de spera Jo. de Sacro Boscho cum glosis Ro. Anglici ». Il est daté de la manière suivante [2] :

« Finita est ista compilatio super mater iam de spera celesti ad maiorem introduclionem scolarium in monte pessulano studentium quam composuit Magister Ro. anglicus et finicit a. d. 1271, sole existente in primo gradu tauri et scorpione exislente in ascendente. Erp lie il tractatus de spera. »

La Sphæra de Robert Grosse-Teste, celle de Campanus de Novare, dont nous parlerons bientôt, étaient des ouvrages originaux ; celui-ci et le commentaire de Michel Scot ouvrent la série des innombrables commentaires auxquels a donné lieu le traité de Joannes de Sacro-Bosco.

Paul Tannery s’est demandé si l’épithète Anglicus, attribuée à Maitre Robert, désignait la nationalité de cet astronome ou bien traduisait un nom de famille qui, selon la langue provençale, devait être Angles. La lecture des gloses à la Sphère de Joannes de Sacro-Bosco l’eût aisément tiré de cet embarras. Il y eût trouvé un passage [3] où l’auteur explique comment certaines éclipses de Lune sont funestes aux semences. « Je l’ai expérimenté, dit-il, en certaines régions de l’Angleterre (sicut scivi per expérimentum, quibusdam partibus Anglie) pendant une éclipse, quelqu’un avait semé de l’orge en une terre très fertile ; la semence, cependant, fut tuée et anéantie comme si l’on n’avait rien semé du tout dans ce champ ; les gens croyaient y voir l’effet patent d’un sortilège, jusqu’à ce que je leur aie démontré que cela devait naturellement arriver. »

Chez Robert l’Anglais, l’amour-propre national est fort chatouilleux ; aussi est-ce avec une véritable indignation qu’il voit les géographes mettre l’Angleterre en un climat qualifié d’inhabitable ; il ne veut point que les étudiants de Montpellier gardent une pareille opinion de son pays : « S’il en est ainsi, dit-il [4], ce n’est pas, comme quelqu’un l’a prétendu, parce qu’il est pénible d’y habiter, mais seulement parce qu’elle était encore inhabitée lorsqu’on a marqué les divisions des climats. C’est une terre, en

1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. n° 7892, fol. t, v°.

2. Ms. cit., fol. 43, col. b.

3. Magistri Ro. Anglici Glosœ super sphœram, cap. IV, glosa II ; ms. cit., fol. 42, col. a.

4. Ro. Anglici Op. laud.s cap. III, glosa III ; ms. cit. fol. 37, coll. a et b.

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