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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


en second lieu, un mouvement propre ; celui-ci, les orbes le tiennent des intelligences et moteurs spéciaux. Partant, de même qu’il y a sept orbes, il y a sept intelligences. »

« De cette manière, dit encore notre auteur [1], en répondant à la huitième question, de même qu’il y a huit orbes, il y a huit moteurs. »

Dans ce XIe livre de la Métaphysique, que Bacon est en train de commenter, Aristote expose le système des sphères homocentriques tel que les travaux d’Eudoxe et de Calippe, tel que ses propres raisonnements l’ont constitué. A chaque astre errant, ce système attribue des orties multiples ; et comme chaque orbe a pour moteur une intelligence séparée, on se trouve conduit à compter un.grand nombre de telles intelligences. Bacon ne tient aucun compte de cette énumération.

S’il néglige, d’ailleurs, l’œuvre astronomique d’Eudoxe, de Calippe et d’Aristote, ce n’est pas pour s’embarrasser de celle de Ptolémée, qu’il ne parait pas connaître. Il réduit tout l’ensemble des mouvements célestes à une excessive simplicité ; il n’y considère que le mouvement diurne, d’Orient en Occident, commun à toutes les sphères, et un mouvement d’Occident en Orient propre à chacun des sept orbes inférieurs, porteurs des astres errants.

Les raisonnements développés par Aristote au second livre du traité Du Ciel semblent se contenter de cette Astronomie simplifiée ; or, pour commenter le XIe livre de la Métaphysique, Bacon paraît avoir surtout lu le traité Du Ciel ; de cet écrit, nous allons trouver des réminiscences en lisant la neuvième question [2] : Chacun des corps célestes, orbe ou astre, se meut-il de plusieurs mouvements ?

L’une des raisons qui suggèrent la réponse affirmative nous rappelle ce que nous ont appris déjà les précédentes questions :

« À plusieurs moteurs correspondent plusieurs mouvements ; or chacun des sept orbes inférieurs a plusieurs moteurs, savoir le moteur commun et un moteur propre, comme on l’a vu ; il aura donc plusieurs mouvements. »

Aussitôt après cette raison, vient la « solution » que voici :

« À cette question, il nous faut répondre que le premier orbe se meut d’un seul* mouvement uniforme ; cela provient de la proximité de son moteur, au sein duquel ne se trouve aucune diversité ; en outre, comme cet orbe contient un grand nombre d’étoi-

1. Ms. cit., loc. cit.

2. Ms. cit., loc. cit.

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