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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

octavo quæritur utrum secundum numerum mobilium multipliée tur numerus moventium.

nono quæritur utrum quêelibet cælestia, silicet tam orbes quam stellæ, moveantur pluribus motibus.

decimo quæritur utrum orbes inferiores moveantur motifrus contrariis motui orbis primi.

undecimo quæritur utrum orbes cælestes in movendo différant in velocitate et tarditate.

duodecimo quæritur utrum motus orbium et planetarum superiorum, ut Saturni, velocior sit motibus inferiorum, ut Lunæ.


À qui appartient-il de traiter des mouvements célestes ? Est-ce au métaphysicien, au mathématicien ou au physicien ? Telle est la première question que se pose Bacon. Voici la réponse [1] :

« Il faut remarquer, à ce sujet, que, des orbes célestes et de leurs mouvements, il convient de parler à trois points de vue différents.

» D’une première manière, on les peut considérer en tant qu’êtres et sous le rapport qui est entre eux et la substance permanente, c’est-à-dire la Cause première ; de cette manière, c’est au métaphysicien qu’il appartient de les considérer.

» On peut, en second lieu, les considérer en raison de leur nature quantitative, c’est-à-dire sous le rapport de leurs grandeurs ; ainsi considérés, ils ressortissent au mathématicien.

» On peut, en troisième lieu, les considérer en raison de leur nature qualitative, c’est-à-dire en raison de leur influence sur les choses inférieures ; ils relèvent alors de la considération du ph vsicien. »

Pendant la seconde moitié du treizième siècle, un grand débat va mettre aux prises les physiciens, c’est-à-dire ceux qui, au nom de la Physique péripatéticienne, tiennent pour l’Astronomie des sphères homocentriques, et les mathématiciens, c’est-à-dire ceux qui, au nom de l’observation, défendent l’Astronomie de VAlmageste ; à ce débat, Bacon, vingt ans plus tard, prendra le plus vif intérêt : à l’époque où il discute ses questions sur la Métaphysique, il ne parait même pas soupçonner la possibilité de cette opposition entre physiciens et mathématiciciens ; la distinction ticien et le domaine du physicien correspond à la distinction que nous faisons aujourd’hui entre l’Astronomie et l’Astrologie.

De l’action exercée par les astres sur les choses sublunaires,

  1. Ms. cit., fol. 171, col. d.