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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


siège de l’Âme du Monde ; nécessairement, par la présence même de cette source, il possède une débordante plénitude de vie. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il laisse écouler, au sein des corps célestes suivants, la vie, le mouvement et toutes les autres opérations de l’âme ? Par la ressemblance qu’ils ont avec ce premier ciel, par leurs très nobles dispositions, ces corps ne sont-ils pas très aptes naturellement à recevoir ces influences, et n’ont ils pas, pour cela, de grandes capacités ? Il me semble donc, conformément à l’avis de Platon, que ce premier ciel possède, en lui-même, la source de vie et de mouvement, comme le Soleil renferme la source de lumière et de chaleur ; avec une semblable largesse, il répand la vie et le mouvement dans les corps qui sont capables de les recevoir. »

Les idées astronomiques, fort imparfaitement connues, d’Alpétragius venaient ainsi, dans la pensée de Guillaume d’Auvergne, rejoindre les doctrines de Platon ; elles lui semblaient, par là, propres à seconder ses efforts pour repousser la philosophie « d’Aristote et de ses successeurs ». Nous verrons, en effet, dans la troisième partie de cet ouvrage, que la lutte contre cette philosophie fut le grand labeur de l’Évêque de Paris.


V
LES Questions DE MAÎTRE ROGER BACON

Profondément bouleversée sous l’épiscopat de Guillaume d’Auvergne, dispersée en 1229, l’Université de Paris n’avait pas tardé à reprendre sa vie laborieuse et ardente. Qu’enseignait-on dans cette Université et, particulièrement, à la faculté des Arts, vers la fin du pontificat de Guillaume et pendant les premières années qui suivirent sa mort ? Qu’y connaissait-on, en particulier, des choses de l’Astronomie ? Pour répondre à ces questions, nous ne disposons pas de renseignements bien nombreux ; mais, du moins, possédons-nous, semble-t-il, un monument particulièrement insigne de l’enseignement qui se donnait, à la Faculté des Arts de Paris, vers l’an 1250.

Un manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale d’Amiens [1]

1. Bibliothèque municipale d’Amiens, ms. no 406. — Nous devons â l’obligeance de M. A. G. Little d’avoir pu consulter une reproduction photographique de ce manuscrit ; qne notre savant collège d’Oxford nous permette de lui exprimer ici toute notre reconnaissance.

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