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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


pris un grand développement chez les Latins lorsque Michel Scot parut, apportant certaines parties des traites mathématiques et physiques d’Aristote et de ses savants commentateurs. »

Parmi les traductions que les manuscrits attribuent à Michel Scot [1], se trouve, en particulier, la traduction du De Cælo et Mundo d’Aristote et du commentaire d’Averroès sur cet écrit.

Une seule [2] de ces traductions est datée ; mais elle l’est avec une précision singulière : « Translatus est a Magistro Michaele Scoto, Tholeli, in 18o die Veneris Augusti, hora tertia, anno incarnationis Christi MCCXVII. » Cette traduction, faite à Tolède en 1217, est celle de l’Astrologie d’Al Bitrogi, qu’elle nomme Avenalpetrardus, transcription du titre d’Ibn al Bitrogi que l’auteur se donne à la fin de son ouvrage.

Ces traductions du De Cælo d’Aristote, du Commentaire d’Averroès, de la Théorie du mouvement des planètes d’Al Bitrogi allaient répandre, au sein de la Scolastique occidentale, la doctrine des sphères homocentriques.

À ce moment, les « Latins » selon le mot par lequel Roger, Bacon et nombre de ses contemporains désignent les membres de la Chrétienté d’Occident, se trouvent aux prises avec deux dilemmes, dont l’un concerne la Métaphysique et l’autre l’Astronomie.

En Métaphysique, faut-il accepter comme véritable le grandiose enseignement d’Aristote et de ses commentateurs, péripatéticiens ou néo-platoniciens, hellènes, arabes, ou juifs ? Faut-il, au contraire, tenir fermement pour la doctrine catholique qui, de cet enseignement ; condamne nombre de dogmes essentiels ?

En Astronomie, faut-il recevoir les principes si logiquement coordonnés, si solidement agencés de la Physique péripaticienne, principes qui nous obligent à n’attribuer aux corps célestes que des mouvements circulaires, uniformes et concentriques à la Terre ? Faut-il, au contraire, ajouter foi au témoignage des sens aidés des instruments astronomiques, qui nous montre la variation du dia-

1. Sur Michel Scot, voir : Amable Jouhdain, Recherches critiques sur l’àge et Vorigine des traductions latines d’Aristote et sur les commentaires grecs ou arabes employés par les docteurs scholastiques ; Paris, 1819 ; pp. i3o-i4i. — EnNEST Renan, Averroès et VAcerroisme, essai historique. Paris, 1802, pp. 162-166 1

2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, noi6654j autrefois, fonds Sorbonne, no 1820 ; Cf. : Amable Jourdain, Op. cit., p. 189. —• La Bibliothèque nationale possède un autre exemplaire (fonds latin, n° 7899) de la même traduction ; celui-ci porte les mêmes indications, avec la date de ia55 ; cette date équivaut, enl’ère espagnole, à la date de 1217 de I’ère chrétienne ; le début de ce manuscrit est reproduit par Amable Jourdain, Op. cit., pp. 5o8-5oy.

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