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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

III

MICHEL SCOT

Jusqu’au début du xiiie siècle, tous les traités astronomiques que les traducteurs avaient fait connaître aux Latins s’accordaient à leur présenter le système de Ptolémée comme admis sans conteste aussi bien par les astronomes de l’Islam que par les astronomes grecs. Sans doute, les Libri novem Astronomiæ que Geber s’était attribués dérangeaient l’ordre dans lequel l’Astronome de Péluse avait superposé les sphères des astres errants ; sans doute, le Tractatus de motu octavæ sphèreæ, mis sous le nom de Thâbit ben Kourrah, donnait aux étoiles fixes un mouvement d’accès et de recès au lieu du mouvement de précession continuellement dirigé d’Occident en Orient ; mais aucune de ces corrections ne jetait le moindre discrédit sur les agencements d’excentriques et d’épicycles par lesquels l’Almageste sauvait les mouvements du Soleil, de la Lune et des cinq planètes. Les astronomes de la Chrétienté latine avaient donc pu donner leur confiance à cette construction astronomique sans qu’aucun soupçon les fit douter de la solidité des hypothèses qui la portent.

Mais voici venir le temps où la Théorie des planètes d’Al Bitrogi va leur être révélée, où ils vont apprendre que des savants se sont rencontrés pour douter du bien-fondé des doctrines de l’Almageste. Au sein de la Scolastique, va se poursuivre la guerre, que les Grecs et les Arabes ont déjà connue, entre l’Astronomie de Ptolémée et la Physique d’Aristote.

« La Philosophie d’Aristote », disait Roger Bacon [1] en 1267, « a


    scholies qui sont joints à certaines éditions de cet ouvrage. Ces éditions sont précédées d’une préface du même Elie Vinet ; dans cette préface, le célèbre érudit saintongeois mentionne la pièce de vers dont nous venons de parler et en conclut que le Computus fut écrit en 1256 ; c’est là une erreur de lecteur ou de copiste. Riccioli, dans la chronique qui se trouve au début de son Alrnagestum norum, s’appuie sur l’autorité d’’lie Vinet pour prétendre que la Sphère fut écrite en 1256. Paul Tannery a corrigé ces fausses interprétations [Paul Tannery, Le traité du quadrant de Maître Robert Anglès (Montpellier, XIIIe siècle). Texte latin et ancienne traduction grecque (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. XXXV, deuxième partie, 1897, p. 583, en note)].

  1. Fratris Rogeri Bacon, Ordinis Minorum, Opus majus ad Clementem quartum, Pontificem Romanum, ex MS. Codice Dubiiniensi cum aliis quibus dam collato nunc primum edidit S. Jebb, M. D. ; Londini, typis Gulielmi Bowyer, MDCCXXXIII ; pp. 36-37. Éd. Bridges, vol. I, p. 55.