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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


Bosco ou Joannes de Sacro-Busto. On l’a souvent identifié au Jean de Londres que Bacon place auprès de Pierre de Maricourt pour former le duo des seuls mathématiciens parfaits qui soient, en 1267, parmi les Latins ; cette identification n’a, d’ailleurs, rien de certain. On connaît peu de choses sur ce Joannes de Sacro-Bosco ; les biographes de la Renaissance écrivent, on ne sait sur quel renseignement, qu’il fut docteur de Paris.

Joannes de Sacro-Bosco eut le don de composer des traités élémentaires. Son Algorismus est resté, pendant tout le Moyen Âge, le plus usité des manuels d’Arithmétique ; et, cependant, cet ouvrage fut moins lu, peut-être, que le petit écrit où Jean d’Holywood s’efforcait d’initier « les novices » aux vérités fondamentales de la Cosmographie et de l’Astronomie. La Sphæra ou le Spæricum opusculum de Joannes de Sacro-Bosco, copié sans relâche, se répandit à profusion dans toutes les écoles ; les manuscrits qui le renferment fourmillent dans les bibliothèques ; ce fut le premier traité d’Astronomie reproduit par l’imprimerie naissante[1], qui en multiplia les éditions[2]. Au Moyen Âge, au temps de la Renaissance, un très grand nombre de traités d’Astronomie reçurent la forme de commentaires à la Sphère ; on composait encore de tels commentaires vers la fin du xvie siècle[3]. En plein xviie siècle, la Sphère de Jean d’Holywood servait encore de manuel d’Astronomie dans certaines écoles d’Allemagne et des Pays-Bas[4].

Cependant, les quatre chapitres qui devaient assurer à leur auteur cette réputation étendue et durable ne formaient qu’un petit traité bien humble, bien pauvre d’idées comme de faits et, pour tout dire, bien médiocre.

Ce que les premiers chapitres enseignaient des mouvements des sphères célestes n’excédait guère les connaissances astronomiques qu’on peut raisonnablement prêter à Pythagore ; au quatrième

  1. Voici le titre de cette première édition : Ioannis de Sacro Bosco Anglici V. C. Spaera (sic) mundi feliciter incipit. Le colophon porte : Impressi Andreas hoc opus cui Francia nomen tradidit : at civis Ferrariensis ego… MCCCCLXXII.
  2. Houzeau et Lancaster (Bibliographie générale de l’Astronomie, Bruxelles, 1887, t. I. pp. 506-510, nos 1839-1662), énumèrent cent-quarantequatre éditions <pii reproduisent, avec ou sans commentaire, le texte latin de la Sphère de Joannes de Sacro-Bosco. Il en existe, en outre, des traductions en Français, en Allemand, en Italien, en Espagnol, en Anglais et même en Hébreu.
  3. Le commentaire de Giuntini est de 1078 (Fr. Junctini Florentini, sacræ theologiæ doctoris, Commentaria in Sphæram Joannis de Sacro Bosco accuratissima ; Lugduni, apud Philippum Tinghium, MDLXXVIII).
  4. Sphœra Johannis de Sacro Bosco, in usum scholarum Hollandiœ et West-Frisiæ emendata et illustrata a Franc. Burgersdicio ; Lugduni Batavorum, ex officina Bonaventuræ et Abrahami Eizevier ; 1626, 1689, 1641, 1647 et 1656. — Johannis de Sacro Busco Libellus de Sphæra ; accessit computus ecclesiasticuscum Prœfatione Philippi Melanchthonis. Wittebergæ, 1629.