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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


Soleil, partant d’un point déterminé du firmament, revient au même point, ce qui, on le sait, arrive après 365 jours et un peu moins de six heures…

» Les computistes ecclésiastiques ne tiennent pas un compte exact de cet un peu moins ; et l’erreur qui en résulte s’est accrue au point que les fêtes ne sont plus célébrées quand elles doivent l’être. Bien plus, de la naissance du Christ jusqu’aujourd’hui, les fêtes des saints et les quatre-temps ont déjà rétrogradé de dix jours et plus par rapport aux solstices et aux équinoxes.

» Le solstice d’hiver, qui se trouvait alors au jour même de la naissance du Christ, se trouve maintenant dix jours avant. J’en dis autant du solstice d’été qui avait lieu à la fête de Saint Jean ; il a lieu maintenant dix jours avant. De même en est-il des équinoxes et des fêtes des saints.

» Aussi, si le Monde dure encore seize mille ans, la Nativité du Seigneur se trouvera en été ; l’été a lieu, en effet, lorsque le Soleil entre dans le Cancer ; on est, au contraire, en hiver, quand le Soleil est dans le Capricorne ».

Ce passage nous montre que les questions relatives à la Chronologie sont traitées avec un soin particulier en l’opuscule que nous analysons ; c’est ce qui nous permettra, croyons-nous, de le dater ; voyons de quelle manière.

Le copiste auquel nous devons la collection où se rencontre cet opuscule, utilisait tous les espaces blancs du parchemin, au risque de brouiller un peu les traités les uns avec les autres. Ainsi, entre le troisième chapitre et le quatrième chapitre du préambule des Tables de Londres, nous trouvons une figure[1] où les diverses sphères célestes sont représentées et où sont inscrites les dimensions de chacune d’elles ; cette figure n’a que faire en cet endroit ; elle a trait à la Theorica distantiarum omnium sperarum, circulorum et planetarum a terra et magnitudine eorum d’Andalò di Negro, traité qui commence vingt feuillets plus loin[2].

De même, en divers endroits du manuscrit, nous trouvons des tables qui sont sans lien avec les écrits d’Andalò di Negro ; ces tables sont toutes relatives à la Chronologie ; la comparaison avec le préambule des Tables de Londres nous paraît démontrer qu’elles nous présentent quelques-unes de ces tables, celles qui venaient en premier lieu.

Ainsi, à la suite de la Théorie de la distance des sphères d’An-

  1. Ms. cit., fol. 64, ro.
  2. Ms. cit., fol. 85, col. a, à fol. 99, col. d.