nètes et de l’influence exercée sur ce cours par les rayons solaires,
mais il y a ajouté de nouveaux renseignements. Il sait[1] que chacun
des astres errants est tantôt plus rapproché, et tantôt plus éloigné
de la terre ; qu’il passe successivement par un apogée et par
un périgée ; que la ligne qui joint ces deux apsides passe par le
centre du Monde et a, dans le ciel, une direction fixe pour chaque
astre. Il sait que le cours d’une planète n’est pas uniforme ; qu’il
est plus rapide au voisinage du périgée et moins rapide au voisinage
de l’apogée ; non point que la planète accélère ou ralentisse
son mouvement naturel, mais parce qu’elle semble plus ou moins
vite selon qu’elle est plus ou moins proche de la terre.
D’ailleurs, il ne nous laisse point ignorer la source à laquelle il a puisé toutes ces connaissances : « Si vous voulez être plus pleinement renseignés au sujet de ces questions, dit-il, lisez Plinius Secundus ; c’est de son ouvrage que nous avons extrait ce qui précède ».
Voici donc que la Chrétienté latine connaît la Science antique par une œuvre dont Isidore de Séville n’avait pas, semble-t-il, eu soupçon. Cette œuvre, elle va la lire avec une extrême curiosité. On peut dire que le premier âge de la Science des Barbares compte un seul représentant : Isidore de Séville. Le second âge est celui où vivent les savants qui se renseignent, à la fois, auprès d’Isidore et de Pline l’Ancien ; le vénérable Bède est le plus éminent d’entre eux.
Bède le Vénérable accepte toute la Chimie céleste et terrestre des Pères qui font précédé ; il admet[2] l’existence de quatre éléments superposés dans l’ordre qui va du plus grave au plus léger. Ces éléments « se peuvent mélanger par l’eflét d’une certaine proximité entre leurs natures ; la terre sèche et froide peut s’unir à l’eau qui est froide ; l’eau, froide et humide, se mêle à l’air humide ; l’air humide et chaud s’unit au feu chaud ; enfin le feu chaud et sec se combine à la terre sèche…
» Le ciel est d’une nature subtile et ignée. »
Il est, nous l’avons déjà constaté, au De natura rerum liber, des chapitres où les connaissances de Bède se montrent en progrès sur celles d’Isidore, soit parce qu’il a puisé à des sources qu’Isidore ne connaissait pas, soit parce qu’il a fait appel à ses observations personnelles. De ce nombre est le chapitre consacré