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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


Incipit spera Thebit. Que cette indication soit purement erronée, ce que nous allons dire le montrera de reste.

Le copiste lui-même a écrit le titre suivant : Alius tractatus de spera. Liber secundus. Ici encore, il semble bien que nous devions relever une erreur. Le traité que nous allons lire ne ressemble aucunement au second livre d’un ouvrage dont le premier livre ferait défaut ; il parait complet.

Il se compose de cinq chapitres.

Le premier chapitre débute par cette phrase[1] :

« Mundus est universitas rerum visibilium cujus centrum est terra, superficies vero est firmamentum ». Il est consacré à des considérations extrêmement élémentaires sur les quatre éléments et sur le mouvement des corps graves et légers.

Le deuxième chapitre, intitulé[2] : De differentia celorum, commence par définir la substancee des cieux, substance que l’auteur nomme éther ou encore cinquième essence[3] ; ce dernier nom est une trace de l’influence que la Physique péripatéticienne commence à exercer ; aucun scolastique n’avait parlé, jusqu’alors, de cette essence céleste conçue par Aristote ; mais que cette trace est encore faible, et que cette influence est fugitive !

Cette essence céleste est divisée en neuf orbes ou sphères[4] ; un orbe est attribué à chacun des astres errants ; la huitième sphère est celle des étoiles fixes. « Par dessus toute celles-là, est une neuvième sphère que nous appelons le premier mobile ; c’est par suite du mouvement de cette sphère que sont mues toutes les sphères inférieures qu’elle contient. Ainsi dit-on qu’il existe neuf cieux mobiles.

» Il faut donc qu’il existe un autre ciel immobile dont toutes les sphères inférieures reçoivent le mouvement et la puissance. Il est donc nécessaire que nous déclarions et que nous confessions un dixième ciel au dessus du neuvième ; c’est en ce ciel que réside la gloire de Dieu ». À l’appui de l’existence de cet Empyrée immobile, l’auteur cite divers textes de l’Écriture.

« Les étoiles (stellæ) sont ainsi nommées[5] de stando, car elles demeurent en leurs lieux, fixes, immobiles et arrêtées. Elles se meuvent toutefois avec toute la roue du firmament, comme des clous fichés en une roue, selon Aristote. Selon les astronomes,

  1. Ms. cit., fol. 60, col. a.
  2. Ms. cit., fol. Go, col. c.
  3. Ms. cit., fol. 60, col. d, et fol. 61, col. a.
  4. Ms. cit., fol. 61, col. a.
  5. Ms. cit., fol. 60, coll. c et d.