qu’il n’a pas observé, il garde soigneusement les erreurs de son
modèle : « Quatre vives-eaux (malinæ), dit-il, les vives-eaux
équinoxiales et celles qui se produisent au moment où les jours et
les nuits cessent de croître ou cessent de décroître, sont plus fortes
que de coutume, comme on peut l’éprouver de ses propres yeux.
On les voit, en effet, monter davantage au moment du flux et
recouvrir une plus grande étendue de rivage ». L’observation, si
notre auteur l’eût réellement consultée, lui eût montré que les
vives-eaux d’équinoxe sont, en effet, les plus fortes, mais que les
vives-eaux des solstices bont plus faibles que les autres. Assurément,
notre auteur n’avait pas observé ; il s’était contenté de lire
le traité d’Augustin l’Hibernais dont il reproduit non seulement la
doctrine, mais, presque textuellement, les termes.
Saint Isidore de Séville, Augustin l’Hibernais sont deux des sages que consultera Bède le Vénérable ; mais nous allons voir sa science puiser à une source que ses prédécesseurs ne paraissent pas avoir connue, à l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien.
Dans son Historia Anglorum, Bède nous donne quelques détails sur sa vie. Nous y apprenons qu’il naquit, au voisinage de l’an 672, en la petite ville de Jarrow (Durham). Cette ville dépendait du couvent de Wearmouth (aujourd’hui Monk Wearmouth), à l’embouchure de la Wear. À l’âge de sept ans, il entra dans ce couvent pour y commencer son instruction ; il ne le quitta plus ; c’est là qu’il fut ordonné prêtre à l’âge de trente ans, là qu’il composa ses très nombreux écrits, là enfin qu’il mourut en 735.
L’écrit cosmologique de Bède[1] porte le même titre : De natura rerum liber, que le traité composé par Isidore de Séville ; et l’analogie entre ces deux ouvrages ne se borne pas au titre. Non seulement, les mêmes matières y sont enseignées à peu près dans le même ordre, mais encore l’exposé du Moine de Wearmouth reproduit bien souvent, d’une manière textuelle, des phrases ou des paragraphes entiers du livre de l’Évêque espagnol.
C’est, en particulier, ce qu’il fait[2] lorsqu’au-dessus du firmament, il met un ciel aqueux et, au-dessus du ciel aqueux, un ciel suprême, séjour des purs esprits.
Touchant les lois des mouvements célestes, Bède possède des connaissances plus précises et plus détaillées que l’Évêque de Séville. Il reproduit ce que ce dernier avait dit du cours des pla-