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LE TRIBUT DES ARABES


res, les quinze livres des Éléments d’Euclide complétés par Hypsiclès, le Liber de crepusculis, c’est-à-dire l’Optique d’Alhazen (Ibn al Haitam) ; il avait donné aux astronomes le De scientia stellarum d’Al Fergani et le De motu accessionis et recessionis de Thâbit ben Kourrah, le traité De orbe de Masciallah, enfin les neuf livres de l’Astronomie de Géber (Abou Mohammed Djeber ben Aflah).

Mais à la reconnaissance des astronomes, il acquerrait un titre sans égal en leur envoyant de Tolède ce qu’il y était allé chercher, la traduction de l’Almageste de Ptolémée.

L’une des copies manuscrites de cette traduction est conservée à la Bibliothèque Laurentienne de Florence [1] ; elle porte, comme titre, la phrase suivante :

Incipit liber Almagesti ptolomei pheludensis translatas a magistro Girardo cremonensi de arabico in latinum.

Elle se termine par cette autre phrase :

Finit liber ptholomei pheludensis qui grece megaziti, arabice almagesti, latine vocatur vigil, cura magistri thadei ungari anno domini Millesimo C.L.XXVo toleti consumatus. Anno autem arabum quingentesimo LXXo mensis octavi XIo die translatus a magistro girardo cremonensi de arabico in latinum.

Contrairement à son habitude, Gérard avait signé et daté cette traduction. Heureuse exception ! Elle nous fait connaître la date d’un événement d’extrême importance en l’histoire de l’Astronomie ; elle nous apprend qu’en 1175, la Μεγάλη σύνταξις parvint à la connaissance des Latins.

Gérard ne se contenta pas d’être un traducteur d’une extraordinaire activité ; il voulut encore faire œuvre d’astronome.

Il existe de lui quelques tables [2]. Les unes servent à établir la concordance entre les dates écrites suivant les ères des Chrétiens, des Perses, des Arabes et des Grecs ; les autres sont des tables astronomiques dressées pour Tolède ou pour Crémone.

Il fit plus ; non content de rendre l’Almageste accessible aux Latins en le traduisant, il voulut composer un écrit qui donnât un rapide aperçu des doctrines exposées en la Grande Syntaxe et qui facilitât à l’écolier l’accès de cette œuvre imposante ; dans ce but, il rédigea sa Théorie des Planètes [3] ; c’est le premier écrit astro-

  1. B. Boncompagni, Op. laud., p. 17.
  2. B. Boncompagni, Op. laud., pp. 60-61.
  3. Magistri Gerardi Cremonensis Theorica planetarum emendata per Petrum Bonum Avogarium Ferrariensem Ferrariæ, per Andream de Francia Ferrariensem, MCCCCLXXIIId. op., Venetiis, per Adam de Rottueil, 1478 — Le même ouvrage, joint à la Sphœra de Joannes de Sacro-Bosco, a eu quatre éditions ; l’une de ces éditions ne porte aucune indication typographique ; l’im-