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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


plus élégants ; il commença de les transmettre à la langue latine, comme à son héritière chérie, en leur donnant la forme la plus claire et la plus intelligible qui fût en son pouvoir ; il ne s’arrêta plus tant que dura sa vie. À l’âge de soixante-treize ans, il entra dans le chemin que doit prendre toute chair ; c’était en l’année 1187 de N. S. J.-C. »

Cette date est celle que donne le ms. 2392 de la Bibliothèque Vaticane et la chronique de Francesco Pipino ; le ms. 2393 fait mourir Gérard en 1184.

Cette notice donne à entendre que Gérard mourut à Tolède où il continuait d’exercer son talent de traducteur ; la pièce de vers qui la suit semble confirmer cette supposition, car elle se termine ainsi :

Tolecti vixit, Tolectum reddidit astris.

Pipino, cependant, dit en sa chronique que Gérard fut enseveli au monastère de Sainte-Lucie, à Crémone, et qu’il avait légué tous ses livres à cette ville.

Par modestie, sans doute, Gérard ne mettait son nom sur aucune des traductions qu’il faisait. Craignant donc que d’autres n’en tirassent honneur ou profit, les amis de l’infatigable interprète dressèrent la liste des ouvrages qu’il avait fait passer de l’Arabe au Latin ; cette liste nous est conservée au texte que le prince Boncompagni a publié.

Cette liste ne comprend pas moins de soixante-quatorze ouvrages différents ; les uns sont des écrits composés parles philosophes arabes ; les autres sont des livres que l’Islam tenait de la Science hellène. Il faudrait reproduire ici cette énumération si l’on voulait rendre perceptible l’extraordinaire influence que Gérard a dû exercer sur les progrès de la Scolastique latine en la dotant, tout à coup, de cette multitude d’œuvres ; elles appartenaient, ces œuvres, aux branches les plus diverses du savoir humain et, dans chacune de ces branches, elles représentaient, bien souvent, ce que le génie avait produit jusqu’alors de plus parfait.

Il y avait là des livres de Dialectique, d’Arithmétique, d’Algèbre, de Géométrie, d’Optique, de Statique ; il y avait les écrits les plus importants sur l’Astronomie, la Physique, la Médecine et l’Astrologie. Gérard avait traduit les huit livres de la Physique d’Aristote, les quatre livres De Cælo et Mundo, les deux livres De qeneralione et corruptione, les trois premiers livres des Météores ; il avait traduit bon nombre de traités d’Hippocrate, de Galien, de Rasés ; il avait traduit un traité d’Archimède, le célèbre Livre des Trois Frè-