Il vient d’indiquer comment, au bout d’une année suffisamment longue, son livre aura besoin de corrections, et comment on devra s’y prendre pour les faire ; il poursuit en ces termes [1] ;
« Lorsque la susdite correction sera devenue nécessaire, si quelqu’un se rencontre, dans l’avenir, d’assez industrieux pour savoir déterminer cette différence par rapport au ciel, qu’il n’aille se fier ni à une parole ni à un livre, mais à la vérité du ciel lui-même ; qu’il suive le ciel plutôt que mon propre avis ou que l’avis de n’importe quel livre !
» Il y a des gens qui possèdent les livres de certains auteurs apocryphes, au titre desquels on a faussement inscrit le nom de Ptolémée ; si amoureusement ils les embrassent, si religieusement ils s’y attachent et les authentifient, qu’ils ne prennent aucun soin de s’attacher à la vérité du ciel, mais encore qu’ils dénient de toutes manières au cours des planètes le pouvoir de se comporter autrement que ce qui est contenu dans ces livres.
» Qu’ils n’espèrent pas, du moins, de ce qu’ils trouvent écrit aux susdits livres, sauf le cas où cela s’accorderait avec le ciel, pouvoir tirer des jugements certains, comme si la vérité des jugements dépendait de leurs assertions et non des mouvements véritables des cieux ! Croient-ils donc que les livres soient véridiques parce que, selon l’opinion du vulgaire, Ptolémée leur est attribué comme auteur ? Pour cette raison, beaucoup auront à rabattre [de leur confiance]. Ils disent souvent la vérité, mais ils mentent plus souvent encore ; pour avoir une fois dit vrai, tel a été merveilleusement loué qui, bientôt, pour avoir maintes fois menti, sera étrangement accusé et couvert de dérision. Ah ! c’est une gloire blamâble, c’est une louange bien méprisable, lors même qu’elle aurait une fois enorgueilli un homme, si la faute vient, aussitôt après, la souiller et la détruire ! »
Notre auteur nous a laissé le récit d’une circonstance où il a pu, par l’observation, convaincre d’erreur les tenants de ces livres mensongers. Ce récit d’un débat scientifique tenu à Marseille, en l’an 1139, vaut la peiné d’être reproduit [2] :
« Il y a quelque temps, entre deux sectateurs d’un certain traité, plein d’erreurs, du cours des planètes, d’une part, et nous, d’autre part, une controverse si vive s’est élevée que ces deux personnages se déclaraient prêts à subir la peine capitale si, par un moyen quelconque, on pouvait raisonnablement convaincre leur livre d’erreur.