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LE TRIBUT DES ARABES


in Ebraico compôsilus et a Platône Tiburlino in latinum sermonem translatus. Anno Arabum DX Mense Saphar. »

L’an 610 des Arabes commençait le 16 mai 1116 de l’ère vulgaire ; en l’an 1116, donc, Platon de Tivoli traduisait déjà des livres de Géométrie et s’intéressait aux choses de l’Astronomie ; il semble qu’à ce moment, ni Hermann le Second, ni Robert de Rétines, ni Dominique Gondisalvi, ni Jean de Luna n’avaient Commencé leurs active carrière de traducteurs.

À Platon de Tivoli, nous devons encore la traduction, faite de l’Arabe, des Sphériques de Théodose, traduction qui fut souvent imprimée au xvie siècle ; l’interprétation, demeurée inédite, d’un traité sur l’astrolabe composé par Aboul Castm Maslama ; enfin la traduction du De scientia stellarum d’Al Battani. Aucune de ces traductions, malheureusement, n’est datée ; la date portée au Liber embadorum fait supposer qu’elles ont été faites au voisinage de l’an 1120.

Il est intéressant de traduire ici la préface mise par Platon dé Tivoli en tête de la version qui allait révéler aux Latins le système de Ptolémée.

« Parmi toutes les études, consacrées aux arts libéraux, dont on s’accorde à regarder les Grecs, et les Égyptiens avant eux, comme les inventeurs, la discipline qui nous enseigne la science des astres est, à juste titre, considérée comme la principale. Nous ne craindrions pas de le prouver par des raisons irréfutables si cela ne s’écartait grandement de notre objet, et si cette vérité, d’ailleurs, n’était reçue, auprès de ceux qui font profession de philosophie, avec une foi exempte de tout doute. Où donc, en effet, trouverait-on autant de subtilité dans l’invention, de rigueur dans la démonstration, d’agrément dans les divers exercices, autant de fécondité dans les résultats ? Est-il une circonstance où l’on ait à déplorer davantage l’aveugle ignorance de la Latinité, à en blâmer plus vivement la négligente paresse ? Occupée d’études plus faciles assurément, mais bien moins dignes, elle délaisse la subtile élégance de cette science, soit que la désespérance lui fasse crain* dre de s’y essayer, soit que le dédain l’en dégoûte. Sans doute, par son bonheur à la guerre, par l’étendue de son empire, Rome a surpassé non seulement l’Égypte et la Grèce, mais encore toute les nations qui soient au monde. Toutefois, dans les gymnases où l’on s’exerce aux arts, touchant les spéculations des études, bien que quelques-uns comparent insolemment Rome à la Grèce, que d’autres, plus insolents encore, la lui préfèrent, Rome est demeurée inférieure de beaucoup, non seulement à l’Égypte et à la