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LE TRIBUT DES ARABES


passages entiers de cet auteur ; enfin, un De divisione Philosophiæ [1], sorte de rhapsodie de la Logica et de la Metaphysica d’Avicenne, de la Philosophia d’Al Gazâli et, surtout, du De scientiis et du De ortu scientiarum d’Al Fârâbi.

Les écrits de Dominique Gondisalvi ont été très lus au Moyen Âge ; mais, par une singulière malchance, ils ont presque toujours été cités sous le nom d’auteurs qui ne les avaient point composés. L’opuscule De ente et uno a été constamment attribué à Boèce. Guillaume d’Auvergne a donné comme sien, après lui avoir fait subir d’insignifiantes retouches, le livre De immortalitate animæ. Enfin, Michel Scot avait écrit, sur la définition et la classification des diverses sciences, un ouvrage dont le Speculum doctrinale de Vincent de Beauvais nous a conservé plusieurs fragments [2] ; à en juger par ces fragments, l’ouvrage de Michel Scot n’était qu’un long plagiat du De divisione Philosophiæ de Gundissalinus.

Nous aurons, plus tard, à parler de nouveau de quelques-uns des traités de Dominique Gondisalvi. Pour le moment, nous ferons une simple remarque au sujet du De divisione Philosophiæ. L’auteur, en exposant les diverses parties de la science naturelle [3], indique sommairement quels sont les sujets traités aux différents livres qu’Aristote consacre à cette science, non seulement aux livres que l’archidiacre de Ségovie avait traduits, mais encore aux autres, tels que le De generatione et corruptione et les Météores ; ces indications, d’ailleurs, étaient textuellement empruntées au De scientiis d’Al Fârâbi, en sorte que, de deux façons à la fois, les Latins se trouvaient instruits du plan général suivi par Aristote dans la construction de son système de Physique.

Les traductions faites, sous les auspices de Don Raimond, par Dominique Gondisalvi et Jean de Luna ont-elles inspiré quelque auteur autre que le premier de ces deux interprètes ? Sont-elles parvenues, parmi les maîtres qui enseignaient, vers le milieu du xiie siècle, dans les écoles de la Chrétienté latine, à répandre le goût de la Physique et de la Métaphysique d’Aristote ou d’Avicenne ?

Jourdain ne le pense pas ; ces traductions furent, croit-il [4],

peu remarquées :

« Vers le milieu du xiie siècle, commença l’étude de la Métaphysique, de la Physique, de la Logique, connues par les écrits

1. Ludwig Baür, Dominicus Gundissalinus De divisione Philosophiæ, herausgegeben und philosophiegeschichtlich untersucht (Beit.ra.ge sur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. IV, Heft. 2 -3, Münster, 1903).

2. Ludwig Baur, Op, laud., pp. 398-400.

3. IJoMiNici Gundissauni De divisione Philosophiæ, éd. cit., pp. 20-23.

4. Jourdain, Op. laud., pp, 227-228.

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