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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


mens Baeumker [1] ; un exemplaire du Fons vitæ, conservé à la Bibliothèque Mazarine, se termine, en effet, par cette pièce de vers :


Libro prescripto sit laus et gloria Christo,
Per quem fînitur quod ad ejus nomen initur.
Transtulit Hispanis interpres lingua Iohannis
Hune ex Arabico, non absque juvante Domingo.

Ces traductions livrent déjà passage aux trois grandes influences philosophiques qui vont solliciter la Scolastique latine. Les dix-huit livres d’Aristote interprétés par Jean de Luna et par Dominique Gondisalvi apportent aux Latins l’exposition de la plupart des doctrines du Péripatétisme.

Le Néo-platonisme arabe leur est révélé par les deux traités d’Al Fârâbi et d’Avicenne, et surtout par cette merveilleuse Philosophia Algazelis, où tout le système d’Avicenne se trouve exposé sous une forme aussi concise que claire ; un tel manuel était bien fait pour initier à cette Métaphysique les maîtres de la Scolastique.

Enfin, le Fons vitæ d’Avicébron, où les doctrines du Néo-platonisme hellénique se fondaient avec des pensées venues du Judaïsme et du Christianisme, devait séduire ces mêmes maîtres en réveillant dans leur àme le souvenir d’enseignements qui leur étaient déjà familiers, de systèmes auxquels Saint Augustin et Jean Scot Erigène les avaient accoutumés depuis longtemps. Dominique Gondisalvi, d’ailleurs, ne se contentait pas du rôle de traducteur ; il était auteur ; il composait des livres où il s’inspirait de ceux qu’il avait traduits, s’efforçant de souder les doctrines nouvelles dont ceux-ci apportaient la révélation à la science dont les écoles avaient déjà l’usage. Il écrivit ainsi un De immortalitate animæ [2], où se reconnaît souvent l’inspiration d’Avicenne ; deux ouvrages, le De creatione Mundi [3] et le De unitate et uno [4], où l’imitation d’Avicébron va jusqu’à la transcription textuelle de

1. Avencebrolis (Ibx Gebirol) Fons vitæ ex Arabico in Latinum translatas ab Johanne Hispano et Dominico Gundissalino.Ex codicibus Parisinis, Amploniano, Columbino primura edidit Clemens Baeumker (Beitrügezur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. I, Munster, 1892 ; pp. i-33g).

2. Georg Bülow, Des Dominicus Gundissalinüs Schrift von der Unsterblichkeit der Seele (Beitrdge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, Bd. n, Heft. IlIjMünster, 1897).

3. Publié dans : Menendez Pelato, Historia de los heierodoxos espaholes, vol. I, pp. 691-711.

4. Paul Correns, Die dem Boethius fâlschlich zugeschriebene Abhandlung des Dominicus Gondisalvi De unitate (Beitrâge zur Geschichte der Philosophie des MittelalierSf Bd. I, Heft. I ; Mûnster, 1891).

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