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LE TRIBUT DES ARABES


précise en apparence, n’est cependant pas exempte d’ambiguïté : « L’une des dates donnée par cette note doit être fautive. Si l’on s’eu tient à l’année de l’hégire, il faudra lire 1134 de J.-C., ce qui se rapproche beaucoup de l’âge assigné par Riccioli et Vossius. Au lieu de 1070, ne faut-il pas lire 1170 ? L’ère d’Espagne a dû être employée ici ; or, l’année 529 de l’hégire répond, dans ce système chronologique, à l’année 1172. »

Le Jean qui, à Luna, traduisait l’Astronomie d’Al Fergani, doit-il se nommer Hispalensis ou Hispanensis ? Est-il ou non le même que Jean Avendeath ? Quelle que soit la réponse réservée à ces questions, il n’en est pas moins vrai qu’il travaillait, vers l’an 1130, à faire passer certains écrits de l’Arabe au Latin.

Il n’est pas douteux, d’ailleurs, que Raimond, archevêque de Tolède, ne s’intéressât à ces traductions et qu’il ne les sollicitât ; nous en avons pour témoignage une phrase qui se lit en un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (ancien fonds Sorbonne no 1545) [1] ; voici cette phrase :

Explicit textus de di fferentia spiritus el anime ; Costa ben Luca cuidam amico, scriplori cujusdam regis, edidit ; et Johannes Hispolensis (sic) ex arabico in latinum Ramundo Toletane [sedis] archiepiscopo transtulit.

Jean de Luna travaillait donc à la même œuvre que Dominique Gondisalvi, car celui-ci dédiait aussi à Raimond les traductions qu’il exécutait.

Quels furent les livres de Philosophie que mit en Latin Gondisalvi, aidé sans doute par Jean de Luna ? Jourdain croit pouvoir affirmer [2] que ce furent ceux-ci :

Les quatre premiers livres de la Physique d’Aristote ;
Les quatre livres du De Cælo et Mundo ;
Les dix premiers livres de la Métaphysique du Stagirite ;
Le De Scientiis d’Al Fârâbi ;
Les Libri de anima d’Avicenne ;
La Philosophia d’Al Gazâli.

Jourdain soupçonnait, en outre, que le Moyen-Âge avait reçu, du même collège de traducteurs, le Fons vitæ d’Avicébron (Ibn Gabirol). Cette supposition a été mise hors de doute par M. Cle-

1. Jourdain, Op. laud., p, 122. — Cette référence est ainsi indiquée par Jourdain ; elle est, sans doute, erronée ; car le manuscrit qui, dans l’ancien fonds de la Sorbonne, portait le no 1545, porte aujourd’hui, dans le fonds latin, le no 13444 ; il ne renferme nullement l’écrit dont parle Jourdain.

2. Jourdain, Op. laud., pp. 116-117.

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