Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée
178
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


ciens, c’est la traduction du Traité (TArithmétique pratique d’Al Chwârizmi. Cette traduction commençait en ces termes : [1]

Incipit prologus in libro Alghoarismi de pratica arismetice a magistro Johanne yspalensi.

Grâce à cette traduction, le mot : Algorismus, après avoir été la version latine du nom d’Al Chwârizmi, devint le terme commun employé au Moyen Âge pour désigner tout traité pratique d’Arithmétique ; sous la forme : algorithme, il est resté dans la langue algébrique moderne.’

Le traducteur y était donné comme fils de Séville, Hyspalensis. Or, cette dénomination serait le résultat d’une erreur ; Jean ne serait pas originaire de Séville, mais de Luna ; il n’aurait pas été surnommé Hispalensis, mais Hispanensis, épithète en laquelle Jourdain voit un barbarisme mis pour Hispanus.

L’un des textes qui corroborent cette opinion est celui-ci [2], qui se lit au ms. n° 6506 du fonds latin de la Bibliothèque nationale :

Interpretatus est a Joanne Hyspanensi atque Lunensi in Dei laude.

Un autre texte est plus explicite et plus important. Après Amable Jourdain, nous avons eu occasion de l’examiner ; nous demanderons au lecteur la permission d’en toucher ici quelques mots.

Il se trouve au fol. 119, vo du ms. n° 7377 B du fonds latin de la Bibliothèque nationale ; il met fin à une traduction du Traité d’Astronomie d’Al Fergani, l’une des premières qui aient fait connaître aux Chrétiens d’Occident les théories astronomiques de Ptolémée.

Le voici textuellement copié :

Perfectus est liber Affragani in scientia astrorum et indicibus motuum celestium interpretatus in luna a Johanne Hispanensi atque lunensi ac expletus est vicesimo die mensis antiqui lunari (sic) mensis anni arabum quingentesimum (sic) XXIX, existente XI die mensis mardi LXXM sub laude dei et auxilio.

Ce texte renferme une double date. Jourdain transcrit ainsi [3] le membre de phrase qui la contient :

Ac expletus est vigesimo die mensis antiqui lunaris anni Arabum existente, XI die mensis Martii 1070.

Ainsi rendue plus correcte dans son libellé, cette indication, si

1. Trattaii d’Aritmelica, pubblicaii da B. Boncompagni, II, pp. 22 sqq. — Cf : Morjtz Cantor, Vorlpsungen über die G es chichie der Mathematik, 2te Aufl., Bd. Il, Leipzig, 18g4> PP* 761-754.

2. Jourdain, Op. laud., p. 122.

3. Jourdain, dp. laud.3 p. 121.

  1. 1
  2. 2
  3. 3