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LE TRIBUT DES ARABES

II

LES PREMIERS TRADUCTEURS DES ŒUVRES PHYSIQUES D’ARISTOTE.
DOMINIQUE GONDISALVI ET JEAN DE LUNA

C’est seulement au premier tiers du xiie siècle que les écrits physiques d’Aristote et de ses disciples hellènes ou musulmans commencèrent à passer de l’Arabe au Latin.

Ces premières traductions furent l’œuvre d’un collège d’interprètes, établi à Tolède, et dont le savant et consciencieux Amable Jourdain a, le premier, révélé l’existence. Nous aimerions à citer ici, en entier, les considérations que Jourdain a consacrées à ce collège [1] ; c’est un modèle d’érudition minutieusement documentée dans ses prémisses, prudente en ces conclusions. Nous devons nous borner à un résumé.

Le promoteur de l’œuvre, c’est Don Raimond, archevêque de Tolède, qui était monté sur ce siège archiépiscopal vers 1130, et qui mourut en 1150 [2].

Sous sa direction, travaillent deux personnages, un arabisant et un latiniste ; l’arabisant traduit en langue espagnole vulgaire les ouvrages écrits dans la langue de l’islam ; le latiniste les retraduit en Latin ; c’est ainsi que se firent la plupart des traductions de l’Arabe en Latin.

Le latiniste est ici un archidiacre de la cathédrale de Ségovie, Domengo Gondisalvi ou Gonsalvi ; Jourdain l’identifie [3] avec Gundissalinus dont Vincent de Beauvais cite une traduction du De Cælo.

L’arabisant est un personnage plus énigmatique. Il ne serait autre que le Juif converti Jean Avendeath (Aben Daüd, fils de David), plusieurs fois cité par Albert le Grand.

Selon Jourdain, d’ailleurs, ce Jean Avendeath serait identique à un personnage que les mathématiciens et les astrologues du Moyen Âge prisaient fort, et qu’ils nommaient Jean de Séville, Johannes Hispalensis.

L’un des titres de ce Jean à la reconnaissance des mathémati-

1. Jourdain. Recherches critiques sur l’âge et V origine des traductions d’Aristote. Paris, 1819, § VIII. De l’archidiacre Dominique Gondisalvi, et du Juif Jean, connu sous le nom de Johannes Hispalensis ; pp. 111-125.

2. Jourdain, Op.laud,, p. 119.

3. Jourdain, Op. laud., p. 118.

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