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LE TRIBUT DES ARABES

La traduction latine s’ouvre par une épître dédicatoire qui sert de préface au traducteur. Celui-ci raconte comment il avait fini par prendre en aversion « la prolixité et l’incontinence » du texte arabe qu’il avait entrepris d’interpréter ; il voulait supprimer l’exorde que l’auteur y a mis. « Alors toi, le compagnon spécial et inséparable de toutes mes études, toi, l’unique associé de mes affaires et de mes actes, tu t’es souvenu de moi, tu es venu vers moi, et tu m’as dit : « Assurément, mon cher Hermann, quelque avis que te donne, pour l’amour de toi, un méprisable traducteur, ni toi ni aucun interprète expert en une langue étrangère n’avez à en tenir compte [1] ; il me semble, cependant, qu’avant de poursuivre ta route, il te faut prendre un autre chemin. » — L’omission du prologue pourrait être attribuée à l’ignorance des traducteurs par le lecteur qui comparerait la version latine au texte arabe ; partant, il est bon de le conserver. « Si donc, poursuit notre traducteur, quelque chose se trouvé ajouté, par nos études, au bagage latin, que le mérite ne m’en soit pas compté à moi plus qu’à toi ; c’est toi, en effet, qui a été la cause du travail, le juge de l’œuvre accomplie et le témoin très certain de. l’un et de l’autre ; tu sais, néanmoins, combien la tâche est lourde,.qui consiste à prendre ce flux de paroles qui est d’usage chez les Arabes, et à le transformer en quelque chose qui soit conforme à la mode latine, surtout en ces matières qui réclament une reproduction si exacte des choses. » Cette lettre nous apprend, d’une manière non douteuse, que la traduction de l’Introductorium in Astronomiam est l’œuvre d’Hermann. Le personnage auquel elle est adressée est, assurément, Robert de Rétines.

Nous ne connaissons pas seulement le nom du traducteur de l’Introductorium ; un autre passage nous marque, à la fois, l’année où Abou Masar composa cet ouvrage et l’année où Hermann le mit en Latin. « Il faut savoir, nous dit ce passage [2], que les degrés et minutes de ces lieux se rapportaient aux jours d’Albumasar, comme il déclare lui-même, c’est-à-dire à l’an 1100 de l’ère d’Alexandre


1. Nous ne garantissons pas l’exactitude de ce passage dont voici le texte (éd. de 1506) : Quanquam equidem nec tibipro amore tuo mi Hermanne nec ulli consulte aliéné lingue interpreti in rerum translationibas abjecti sententia quandam nuilatenus adoertendum sit.

2. Albumasaris Introdacterium in Astronomiarn, lib. VI, cap. IV, art : De signîs ad formæ dignitatem, ad largitatem ducentibus, ad conjunctionis complementum. Éd. i5oô, fol. sign. f. v°.

    chionis (sic) Sessa : Per Jacobum pentium ’Leucensein. Anno domioi i5o6. Die 5 Septembres. Régnante inclylo domino Leonardo Lauredano Uenetiarum Principe.

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